Urartu

En Turquie orientale, le site de Van Kalesi nous a fait connaître le pays d’Urartu de l’âge de fer, avec des annales de ses rois, notamment Menua et Argistis.
Ailleurs, dans ce même pays et en Arménie, les archéologues ont surtout exhumé des villes de l’âge du fer ayant délivrées quelques inscriptions :

Paul E. Zimansky, dans « Studies in Ancient Oriental Civilization – n°41 » affirme, en s’appuyant sur les écrits trouvés, que Teisabaini et Argistihinli étaient située dans le district d’Aza d’Urartu. Ce qui permet d’entrevoir une localisation géographique du pays d’Azza des archives hittites, durant l’âge du bronze.

Cependant, la plupart des informations sur le pays d’Urartu proviennent des archives néo-assyriennes, notamment des 6e et 8e campagnes de Sargon II.

Sennacherib, constructeur de canaux pour alimenter Ninive en eau, précise avoir récupéré les eaux provenant du mont Tas, à la frontière du pays d’Urartu. Et donc, globalement, le pays d’Urartu se situait au nord de l’Assyrie historique.
Teglath-Phalasar III est le roi néo-assyrien qui nous a laissé le plus d’informations sur les villes d’Urartu, à une époque où ce pays s’était largement étendu vers l’Ouest.
Voici deux extraits de « The Royal Inscriptions of Tiglath-pileser III (744-727 BC) and Shalmaneser V (726-722 BC), Kings of Assyria » qui sont des traductions des annales de ce roi sur les murs de son palace de Kalhu.
Entre parenthèses se trouvent les probables noms de villes rapprochés avec d’autres archives.
Le premier texte rapporte les faits de guerre, il fait suite à une importante bataille du roi Assyrien contre une coalition regroupant Ururtu, Arpad, Kummuhu et Gourgoum :
« Sarduri du pays d’Urartu se révolta contre moi et conspira avec Matiel (d’Arpad). Dans les pays de Kistan et Halpi des districts de Kummuhu, je l’ai défait et je me suis emparé de son campement. Il s’est effrayé de l’efficacité de mes armes et s’est enfui seul pour sauver sa vie.
Je l’ai confiné dans Turuspa (Tushpa), sa cité, et je lui ai infligé une grande défaite devant les portes de sa ville. J’ai érigé mon image royale au front de la cité de Turuspa (Tushpa).
Sur une distance de 70 lieues, j’ai fièrement marché à travers le large pays d’Urartu, d’une extrémité à l’autre, et je n’ai pas trouvé de résistance.
1. J’ai annexé à l’Assyrie le pays d’Ulluba entièrement, les villes de Bitirru (Bitura), Parisu, Tasuha (Tushan), Mantun, Sardaurriana (Sardera), Diulla-ana-Nal, Sikibsa, Assurdaya, Babutta, Lusia et Tapsia, des forteresses du pays d’Urartu qui sont localisée derrière la montagne Nal.
J’ai bâti une ville dans le pays d’Ulluba et je l’ai appelé Assur-iqisa. J’y ai désigné un eunuque à mon service comme gouverneur provincial.
2. A l’échanson en chef de la province j’ai ajouté les villes Enu, Sassu, Lupsua, Luqia, Simirra, Usurnu (Arzène), Usuru (Uzibu), Auibi and Ubula, jusqu’à la montagne Birdansa.
3. J’ai capturé les villes de Quta : Urra (Urhai), Aranu (Harranu), Tasu (Asu) et Uallia, en amont de l’Euphrate et à la limite du Kummuhu, les villes Qilissa, Ezzeda, Diuyapli, Abbissa, Harabisinna (Halmisna) et Tasa, le pays d’Enzi (Hanzat), les villes Anganu (Tigunanum) et Benzu, 35 forteresses du pays d’Urartu sur la rivière Kala…, sa rivière. J’ai annexé ces régions à l’Assyrie et je les ai ajoutées à l’Etat du Turtanu et à la province du pays de Nairi. »
Il faut comprendre que la majorité des conquêtes a été obtenue sur le territoire du pays d’Urartu, avec un doute sur les villes de « Quta », des villes sur l’Euphrate ou à de l’est de l’Euphrate. Ces cités ont ensuite été regroupées dans le pays existant de Nairi.
Sur les mêmes murs, un deuxième texte se réfère aux mêmes événements, mais avec quelques différences dans les villes et noms de régions. Ici, les redondances ont été éliminées :
« J’ai conquis les pays d’Ulluba et Habhu, qui sont localisés derrière la montagne Nal, dans leurs entièretés et je les ai annexés à l’Assyrie. J’ai érigé mon image royale en face du mont Ilimeru. J’ai bâti une ville dans le pays d’Ulluba et je l’ai appelé Assur-iqisa. J’y ai amené des gens d’autres contrées que j’ai aussi conquis. J’y ai désigné un eunuque à mon service comme gouverneur provincial. J’ai conquis les villes au pied de la chaîne de montagne.
J’ai conquis les villes Mantun, Sardauriana (Sardera), mont …luppi et je les ai ajouté à la province de Assur-iqisa.
[...]
1. J’ai conquis Sardauriana (Sardera), Lusia, Tapsia et Suba jusqu’au lointain pays de Bitzua, une puissante forteresse du pays d’Urartu avec les cités de ses environs. J’ai annexé ces régions à l’Assyrie et je les ai ajoutés au gouverneur provincial.
2. J’ai conquis le pays Marhatiansa, les villes Enu, Sassu, Lupsua, Luqia, Simirra, Usurnu (Arzène), Usuru (Uzibu) et Ubula, jusqu’à la montagne Birdansa, les villes Alinziranu, Tasliana et Tirhim (Turira), jusqu’au mont éloigné Sinia. J’ai ajouté ces pays et ces villes à l’échanson en chef de la province.
3. Pour ce qui est des villes Ququsansu (Kukunu) et Barzunna (Barzanistun) jusqu’au villes Harabisinna (Halmisna), Abissa et Tasa, jusqu’au pays Ulurus, qui est au-dessus des rives du Tigre, les pays Lusia – le pays du plomb métallique – Amadinu (Amadanu), […], et les villes Qilissa, Ezzeda et Diuyapli du district du pays Ateia, qui est au-dessus des rives du Tigre, je les ai ajoutées à la province du pays de Nairi.
3. Bis. J’ai conquis les villes Aranu (Harranu), Uallia, Tasu (Asu), Ura (Urhai) du district du pays de Bazu (Baziru), […], les pays Uilla, Urbakka (Arbaki), Ulina et Arasilla, les villes Alqi […], 18 districts, de la montagne Eribi jusqu’aux rives de l’Euphrate et les limites du pays de Kummuhu, le pays d’Enzi (Hanzat) dans sa totalité, jusqu’au district du pays de Suppa. J’ai annexé ces régions à l’Assyrie et je les ai ajoutés à l’Etat du Turtanu. »
Ce deuxième texte met plus l’accent sur l’organisation finale des cités dans l’Empire Assyrien.

Globalement, les régions conquises sont celles de l’Ouest du lac de Van, entre la rivière Arzania et les monts Kasiari, comprenant l’ensemble des territoires du nord du Tigre.
Le groupe 1 est constitué de cité de part et d’autre du Tigre. Le groupe 2 semble être des villes au nord du Tigre moyen. Et les agglomérations du groupe 3 sont celles des bords de l’Euphrate à partir de l’Isuwa, reprenant ce qui constituait le Zalmaqum au millénaire précédent : avec les cités les plus au sud dans le groupe 3 bis.

Le périmètre du pays d’Urartu a fluctué au fil du temps. Les textes trouvés autour de Tushpa, la capitale, pourtant nombreux, ne permettent pas d’identifier la plupart des villes évoquées par manque de repères pour les situer.

Avant Teglath-phalasar III, Assurnasirpal avait bataillé dans les mêmes lieux dès sa première année de règne : « Je me suis engagé dans la passe de Khulun dans le pays de Kirhi qui s’étend au-delà. J’ai occupé les villes du Hatti : Khalaru, Nistun (Barzanistun), Irbidi (Irrite), Mitkie (Mutkinu), Arzanie (Arzène), Zila (Tilla), Khalue (Yakaltum), des villes de Kirhi situées dans les environs d’Uzie (Uzibu) et Arue (Turira) du puissant pays d’Urartu ».

D’autres archives néo-assyriennes nous informent de noms de cités qui sont restées sous la dépendance d’Urartu :

  • Sugunia et Guzana, cibles de l’année de la prise de pouvoir de Salmanazar III.
  • Arzashku, Zanziuna et Gilzani. : qui a ont été atteintes lors de la troisième année de règne de Salmanazar III.
  • La région de Sangibutu, au nord du Lac d’Ourmia, cible de la 8e campagne de Sargon II, qui précise que Uaiais, ville des Mannéens, était à la frontière des pays de Nairi et d’Uratu.

Globalement, les Assyriens ont délaissé ces villes de montagne. Ils y ont fait des razzias, mais n’ont pas conservé durablement leur administration.

Il faut noter que le pays d’Urartu a été offensif jusqu’à la fin de l’Empire Assyrien. Musasir et Ukku sont des fiefs montagneux proches de l’Assyrie qui se sont ralliés, au moins temporairement, à cette puissance du Nord.

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