Une tablette des fêtes Kizzuwatiennes de l’Isuwa précise : « Les Anciens des villes ou provinces de Kummani, Zunnahara, Adaniya, Tarse et Ellipra s’approchent du roi avec leurs offrandes ». L’ordre des villes apparaît significatif : d’Est vers l’Ouest. Et donc Kammani ou Kammanu y est située la plus à l’orient.
Ceci est confirmé par les textes néo-assyriens de Sargon II qui concernent le pays de Kummanu : Ils montrent que cette entité, distincte de Gourgoum, de Kummuhu, de Kasku, de Qué et de Hilakku (bien que les derniers ont fait partie du Kizzuwatna un millénaire plus tôt), était bien située au nord-est de celui de Qué.
Dans « The Royal Inscriptions of Sargon II, king of Assyria (721-705BC) » Grant Frame a traduit les annales que Sargon II a rédigé dans les plusieurs pièces de son palais de Dur-Sarrukin. Voici un extrait de la campagne militaire contre le pays de Kummanu :
« Durant ma dixième année de règne, Tarhunazi de la ville de Mélid, un vil Hittite, qui ne craignait pas les grands dieux, s’est assis sur le trône royal du grand pays de Kammanu, – dont je me suis emparé avec le soutien du dieu Assur, mon seigneur, et dont j’avais chassé le roi Gunzinanu – et m’a désobéi alors que j’avais le pouvoir sur le grand pays. Il envoya de façon répétitive des courriers hostiles à l’Assyrie à Mita, le roi du pays de Muski.
Furieux, j’ai brisé sa ville royale Melid comme une jarre et j’ai considéré tout son peuple comme s’il s’agissait de troupeaux de moutons et de chèvres. Cependant, cet homme, Tarhunazi, est allé dans la ville de Til-Garimme pour sauver sa vie. J’ai submergé cette ville comme un nuage. […] J’ai réorganisé l’administration de la cité de Til-Garimme et j’y ai emmené des gens que j’ai capturé dans d’autres pays. J’ai alors occupé entièrement le pays de Kammanu, et j’y ai désigné un dirigeant parmi mes eunuques. Je leur ai imposé les mêmes servitudes et corvées que du temps de Gunzinanu. J’ai érigé 10 solides forteresses autour du pays de Kammanu et j’ai permis à ses gens de vivre en paix ».
A cette époque, Melid était la capitale du pays de Kammanu, alors que la ville historique, qui a probablement donné son nom au pays, Hammanum, n’est pas évoquée. Montrant ainsi le déclin de cette ancienne capitale. Et puis, il n’est pas sûr que cette dernière était encore dans le périmètre géographique de ce pays.
Cependant, un autre texte, de ce même roi, retrouvé à Nimrud, évoque une opération militaire en l’an 11, l’année suivante donc :
« En ce qui concerne Tarhunazi de la ville de Melid et Tarhulara de la ville de Marqasa, des royaumes que j’ai remis en ordre, et la totalité des vastes terres dont je leur avais confié, ces hommes, méchants Hittites, ne se souvenaient pas de mes bonnes actions mais envoyaient plutôt des messages hostiles à l’Assyrie : à Mita, roi du pays Muski. Ils m’ont méprisé. Furieux, j’ai rassemblé les nombreuses troupes d’Assyrie et, comme un brouillard, j’ai submergé les districts des pays de Kammanu et de Gourgoum, ainsi que les villages de leurs environs. J’ai ramené en Assyrie Tarhunazi du pays de Kammanu et Tarhulara du pays de Gourgoum, ensemble, […] »
En final, le roi assyrien semble avoir réuni ces deux entités en une seule, montrant ainsi leur proximité.
Il faut noter qu’aucun texte de Sargon II n’évoque le pays de Sam’al. A contrario, les annales des autres rois néo-assyriens qui mentionnent Sam’al semblent ignorer ce pays de Kammanu.
Ceci est probablement lié à la durée de vie des cités royales de cette époque, et aux changements fréquents de capitales par les rois locaux, sous la pression des campagnes militaires assyriennes. Toutefois, il semble que la reconstruction de cités ayant une histoire prestigieuse ait été préférée.
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