En Mésopotamie, les archives de Lu-Enlilla, contemporain d’Ibbi-Sin, un roi de la troisième dynastie d’Our, vers 2000 avant notre ère, atteste de l’existence d’un commerce régulier entre Our et Magan (ou Makkan). D’autres textes, vers 2300, mentionnent Magan comme un pays producteur de cuivre et de diorite.
Certains chercheurs ont suggéré une localisation de cet ancien pays vers l’actuel pays d’Oman :
http://archive.archaeology.org/9705/abstracts/magan.html
Mais l’absence de mine de diorite au sud de la péninsule arabique pose problème. Aussi ce blog défend un territoire plus vaste intégrant, en plus, le Yémen, jusqu’à l’actuel Soudan, au sud de la Nubie.
Cette dernière hypothèse dispose d’arguments. Les principaux sont développés ci-dessous.
Les textes
Le cunéiforme le plus connu est celui qui évoque les lointaines relations commerciales de la capitale de Sargon 1er : « Sargon, le roi de Kish, gagna 34 batailles. Il détruisit les remparts jusqu’au bord de la mer. Il amarra au quai d’Akkad les bateaux de Meluhha, les bateaux de Magan et les bateaux de Tilmun. »
Magan est mentionné vers la mer du sud dans la géographie de l’Empire d’Akkad. C’est aussi clairement le cas dans ce texte d’Our III : « Ur-Nammu, l’homme fort, le roi d’Our, le roi de Sumer et d’Akkad, qui a bâti le temple de Nanna, a rétabli l’ancien état des choses : le long de la côte […] rendirent le commerce maritime sûr. Il restitua à Nanna les bateaux de Magan. »
Nanna représente ici le port de Nina ou Nigin.
Dans les textes médio-assyriens, les rois assyriens disent être allé batailler « vers le pays de Subartu et les pays lointains de Nairi jusqu’à la frontière de Magan ».
A l’âge du fer, Assarhaddon positionne ces terres vers l’Egypte : « Lors de ma dixième campagne […] je suis parti vers Magan et Meluhha, qui sont désignés Kush et Egypte dans leur langage ».
Ici, la désignation de l’Egypte par Meluhha est probablement liée à un ancien import de soldats relaté dans les textes d’Armana : les pharaons avaient l’habitude de faire appel à des soldats de Meluhha pour leur sécurité.
Les toponymes
Dans les toponymes contemporains se trouvent :
• Macae Sabuata, dans l’actuel Oman : https://nabataea.net/explore/founding_of_islam/ptolemy-and-mecca/ ;
• Muza al-Makhâ, au Yémen, à la pointe sud-ouest de la péninsule, du côté de la mer rouge : https://halshs.archives-ouvertes.fr/file/index/docid/581300/filename/2008_Schiettecatte_-_CY_-_Ports_et_commerce_maritime_en_Arabie_du_Sud_-_version_auteur.pdf
Vers les débuts de la chrétienté, autour du Nil, au Soudan, avec Dongola comme capitale, un pays était appelé Makourie. Ce nom se rapproche de Makan.
http://decouvertes-archeologiques.blogspot.fr/2013/09/des-archeologues-polonais-font.html
Kerma, – en y ajoutant le site de « Doukki Gel » -, était très étendue dès le milieu du 3e millénaire avant notre ère. La Deffufa, construite en briques crues, date de 2400 avant J.-C. Les sépultures de l’époque ont livré un grand nombre d’objets manufacturés attestant d’un commerce de longue distance, avec le développement de la métallurgie du cuivre, du bronze et de l’artisanat en ébénisterie.
400 sites archéologiques ont été repérés dans le bassin du Dongola. Certains, comme celui de Kadrouka, remontent à un Néolithique connaissant le cuivre.
Pour cette région, aucun nom n’est attesté au 3e millénaire. Même au deuxième, rien ne prouve que la dénomination « Kouch » ou « Koush » qui apparaît à partir de la 12e dynastie de pharaon se soit étendue au-delà de la troisième cataracte.
Un texte Perse mentionne une liste de pays conquis par Darius : les gens de Maka sont cités après les Nubiens et avant les Cariens.
Les centres de production de cuivre et de diorite
De plus, dans l’antiquité, la Makourie était bien productrice de cuivre et de diorite (mine de Toshké) comme le montre, par exemple, une statue noire en diorite de Kephren :
http://www.biographie-peintre-analyse.com/2013/01/22/la-statue-de-kh%C3%A9phren/
Au 3eme millénaire, cette pierre noire était très appréciée, à la fois par les pharaons égyptiens et les rois de Mésopotamie. Sous Goudéa, cette diorite s’appelait « pierre de Magan ». Les rois d’Our importaient ce matériau et s’en sont fait des statues grandeur nature.
Conclusion
Les arguments proposés ci-avant montrent que « Magan » représentait la région sud de la péninsule Arabique d’Oman au Yémen, jusqu’à la partie la plus orientale de l’Afrique.
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