La plus ancienne mention de l’Amurru remonte à l’Empire d’Akkad. Le successeur de Naram-Sin, Sarkalisarri, avait une année de règne appelée « l’année de la victoire sur l’Amurrum dans la montagne de Basar ». Dans ce blog la localisation de Basar est vers le nord du Levant, en Turquie.
D’après les chercheurs qui se sont penchés sur la localisation de ce pays dans ces textes mésopotamiens du 3e millénaire avant notre ère, le terme désignait globalement les régions maritimes de l’Ouest. C’est aussi la signification qu’il semble avoir dans les archives d’Ebla et dans celles de Mari. A.2760 est le plus significatif, il s’agit d’un courrier de Samsi-Addu à son fils Yasmah-Addu : « Vers toi, sous la responsabilité d’Isar-Lim, je fais conduire des messagers de Hasura et les messagers de 4 rois de l’Amurru. Ces messagers confie-les à Yasim-Dagan, messager d’Ishi-Addu de Qatna pour qu’il les escorte à Qatna, chez Ishi-Addu ».
De ce dernier message il faut comprendre que les messagers en question reviennent d’une mission vers l’orient et sont précautionneusement accompagnés pour leur retour. Qatna est une étape intermédiaire commune à tous les voyageurs. L’Amurru semble bien avoir ici la signification « Région de la Mer » de Jean-Marie Durand. Il faut toutefois remarquer que Hatzor y est en dehors.
Cependant, les tablettes trouvées à Amarna, en Egypte, évoquent sans ambiguïté un roi de l’Amurru, très actif. Ce roi unique est Abdi-Ashirta, puis son fils Aziru. Ils sont mentionnés dans les tablettes hittites et surtout dans celles d’Ougarit. Aussi, vers la deuxième partie du 2e millénaire l’Amurru est incontestablement un pays au sens géographique et politique. Mais quel territoire comprenait-il ?
Tunip et Sumur y sont incontestablement deux cités importantes de ce pays.
Ce blog positionne Sumur au sud de la péninsule anatolienne.
Aujourd’hui, la majorité des chercheurs localise Tunip sur l’Oronte, au Tell Asharneh, aussi souvent écrit Acharneh, au nord-ouest de Hamath, et cela en s’appuyant sur la composition de l’argile des tablettes d’Amarna.
Incontestablement, les courriers d’Aziru, roi de l’Amurru, positionnent le pays de Tunip non loin du Nuhasse :
- EA161 montre que Tunip était un lieu de résidence exceptionnel de ce roi de l’Amurru : « [...] Mon seigneur a dit : « Tu t’es caché de Hani ». Que les dieux et le Soleil soient témoins : je jure que je résidais alors à Tunip. Le roi a parlé de la reconstruction de Sumur. Les rois de Nuhasse ont été en guerre contre moi et ont pris mes villes selon le conseil de Hatip. Donc je ne l’ai pas rebâtie. Maintenant, d’urgence, je vais la rebâtir. [...] ».
- EA 165 d’Aziru est la plus intéressante pour la localisation de cette ville : « [...] Le roi de Hatti séjourne en Nuhasse et j’ai peur de lui. J’espère qu’il ne viendra pas en Amurru et dans le pays du roi mon seigneur. [...] Maintenant le roi du Hatti séjourne en Nuhasse. Ce n’est qu’à deux journées de marche de Tunip. Qu’il parte ! [...] ».
Un traité de Hattusa (CTH 135), en mauvais état, définit les frontières entre Tunip et Alalakh : Sirina et Ishaniga y sont des cités attribuées à Tunip. Iripa et Hazazar sont deux autres villes mentionnées.
Selon AT2 des archives d’Alalakh, Tunip avait une frontière avec le pays de Mukis au niveau de Hazazar et Muzunnum.
Ces lieux confirment un positionnement du pays de Tunip au sud du Mukis et à l’ouest du Nuhasse. Et on s’aperçoit qu’Ougarit était probablement le principal port de ce pays, plus au moins indépendant.
Au 1er millénaire avant J-C, le sens « région de la mer » ou « Levant » pour « Pays d’Amurru » est celui de la plupart des historiens qui se sont penchés sur des textes néo-assyriens. Sargon II y cite Damaskus, Qarqar, Arpad ou Simirra. Le district de Hamath en fait partie en totalité.
Mais les tablettes de Sennachérib sont les plus précises : « Minuhimmu de la cité de Samsimuruna, Tu-Ba’lu de la cité de Sidon, Abdi-liti de la cité d’Arwad, Uru-Milki de la cité de Byblos, Mitinti de la cité d’Ashdod, Budi-il de la cité de Bit-Ammanaa, Kammusubadbi du pays de Ma’abaa, Aya-ramu du pays d’Udummaa, tous des rois du pays d’Amurru, ils m’apportèrent leurs tributs et m’embrassèrent les pieds. »
En conclusion : si, dans la plupart des textes, l’Amurru désigne des ports du Levant jusqu’au sud de l’Anatolie, dans d’autres textes il représente un ou plusieurs pays de la moyenne vallée de l’Oronte.
L’Amurru est une entité politique avec un seul roi à sa tête vers la fin de l’âge du bronze.
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