Piyé proclame ses victoires sur la Basse-Égypte

Au Soudan, une grande stèle de granit gris au sommet arrondi a été découverte en 1862 dans les ruines du temple d’Amon à Napata, la capitale nubienne, au pied du Gebel Barkal. Le temple d’Amon, érigé au Nouvel Empire, avait été très agrandi par Piyé, aussi appelé Piânkhy, au 8e siècle avant notre ère. La stèle mesure 1,80 sur 1,84 m et à une épaisseur de 0,43 m. Elle est inscrite sur les quatre côtés et comprend 159 lignes.
Cette stèle décrit une campagne de Piyé, Piânkhy, jusqu’au nord de l’Égypte. Auguste Mariette et Gaston Maspéro en ont été les premiers traducteurs. Puis, dans le monde anglo-saxon J.H. Breasted et Miriam Lichtheim dans « Ancient Egyptian Literature » en ont été les principaux éditeurs.

En voici une traduction au plus proche du texte d’origine, notamment en ce qui concerne les toponymes. Les dénominations grecques sont entre parenthèses avec celles de ce blog qui se reconnaissent par leurs liens aux articles qui évoquent les lieux en question.
Ce long texte est structuré en trois moments :

  • Une description de l’offensive de souverains de Basse-Égypte, conduits par Tefnakht, vers la Haute-Égypte ;
  • Des opérations de reconquêtes menées par les commandants Purem et Lemersekeny de l’armée de Piyé, alors que celui-ci est dans son palais de Napata ;
  • Enfin l’offensive menée directement par Piyé.

An 21, premier mois de la première saison, sous la majesté du Roi, Piyé bien-aimé d’Amon, éternel.
Ordre prononcé par ma majesté : « Écoutez ce que j’ai fait, dépassant les ancêtres, moi le Roi, image d’un dieu, ressemblance vivante d’Atoum ! Qui a laissé une empreinte importante comme souverain. Redoutez de plus grands que lui ! »
Son père savait, sa mère s’en est aperçu très tôt : « Il sera souverain dès sa naissance ». Le Bon Dieu, bien-aimé des dieux. Le Fils de Ré, qui agit avec ses armes, Piyé bien-aimée d’Amon.

Des messagers informent Piyé sur les opérations de Tefnakht
On vint dire à sa majesté : « Le chef de l’Ouest, le noble et grand à Netjer (Sebennytos), Tefnakht, est dans […], dans Khasou (Xoïs), dans Hapy (Per-Hapy), dans Ayn (Héliopolis), dans Pernub (Perounefer) et dans le nome des Murs Blancs (Memphis). Il a conquis tout l’Ouest depuis les marais côtiers jusqu’à Iti-taouy (Licht), naviguant vers le sud avec une nombreuse armée, avec les Deux Terres unies derrière lui, et les nobles et les maîtres des domaines sont comme des chiens à ses pieds.
Aucune forteresse n’a fermé ses portes dans les nomes de la Haute-Égypte : Mer-Atoum (Meidum), Per-Sekhemkheperre (Per-Sekhemkheperre), Hout-Neter-Sobek (Crocodilopolis), Per-medjed (Oxyrhynchus), Tjeknesh, toutes les villes de l’Occident ont ouvert les portes par crainte de lui. Lorsqu’il se retourna vers les nomes de l’Orient, ils lui ouvrirent aussi : Hout-benu (Houtbenou), Teudjoi (Ankyropolis), Hout-nesut (Hout-Nesout), Pernebtepih (Atarbéchis)(1).
Maintenant il assiège Hnenes.t (Héracléopolis). Il l’a complètement encerclée, ne laissant pas partir les témoins, ne laissant pas entrer les voyageurs et se battant tous les jours. Il l’a mesuré dans tout son étendue. Chaque noble connaît sa portion de mur. Il a organisé le siège en assignant précisément ses nobles et ses chefs de domaines. »
Sa majesté l’entendit avec ravissement, en riant joyeusement.

Alors ces chefs, les nobles et les généraux qui étaient dans leurs villes, envoyèrent chaque jour à sa majesté, un messager disant : « As-tu gardé le silence et oublier le pays du sud, les nomes loyaux, tandis que Tefnakht conquiert tout devant lui et ne trouve aucune résistance ? Nimlot, noble de Hw.t-wr.t (Hawara), a démoli le mur de Nefrusy. Il a renversé sa propre ville de peur de celui qui s’en emparerait pour assiéger une autre ville.
Maintenant il est aux pieds de Tefnakht. Il a rejeté le serment fait à sa majesté. Il reste avec lui comme l’un de ses hommes dans Waseb (nome des Deux Sceptres(2)). Il lui donne les tributs qu’il souhaite. »

Piyé ordonne à ses troupes en Égypte d’attaquer et envoie des renforts
Sa Majesté écrivit aux nobles et aux généraux qui étaient en Égypte, au commandant Purem et au commandant Lemersekeny, et à tous les commandants de sa majesté qui étaient en Égypte : « Allez au combat, engagez la bataille, capturez son peuple, son bétail, ses bateaux sur le fleuve ! Que les fermiers n’aillent pas au champ, que les laboureurs ne labourent pas. Prenez Unu (nome du Lièvre) ! Combattez-le tous les jours ! »
Alors ils l’ont fait.
Alors sa majesté envoya une armée en Égypte et les encouragea strictement : « N’attaquez pas la nuit à la manière des poules ; combattez quand on peut voir ! » « Mettez-le au défi de se battre de loin. S’il propose d’attendre l’infanterie et les chars d’une autre ville, alors restez tranquille jusqu’à ce que ses troupes arrivent. Battez-vous quand il le propose. Aussi s’il a des alliés dans une autre ville, qu’on les attende. Les nobles qu’il amène pour l’aider, et toutes les troupes libyennes de confiance, qu’ils soient mis au défi de combattre en premier, en disant : « Vous dont nous ne connaissons pas le nom, qui rassemblez les troupes ! Harnachez les meilleurs destriers de votre écurie, formez votre ligne de bataille et sachez qu’Amon est le dieu qui nous a envoyés ! » ».

« Quand vous serez arrivé à Ouaset (Thèbes), avant Ipet-sout (Karnak), allez dans l’eau. Nettoyez-vous dans la rivière ! Portez le meilleur linge ! Reposez l’arc, desserrez la flèche ! Ne vous vantez pas du seigneur de la puissance, car le brave n’a pas de puissance sans lui. Il fait des bras faibles et des bras forts, de sorte que le grand nombre fuit devant le petit nombre, et qu’un seul réussisse à vaincre mille hommes ! Aspergez-vous de l’eau de ses autels, embrasser la terre devant son visage. Dites-lui : « Montres-nous le chemin, puissions-nous combattre à l’ombre de ton bras ! La troupe que vous avez envoyée, lorsqu’elle charge, que le grand nombre tremble devant elle ! » »

Puis ils se placèrent à plat ventre devant sa majesté : « C’est ton nom qui fait notre force, ton conseil amène ton armée au port. Ton pain est dans nos ventres sur tous les chemins, ta bière étanche notre soif. C’est ta vaillance qui nous donne la force, il y a de la terreur quand votre nom est rappelé, aucune armée ne gagne avec un chef lâche ! Qui est ton égal là-bas ? Tu es le roi puissant qui agit avec ses armes, Le chef de guerre ! ».

Ils ont navigué vers le nord et sont arrivés à Ouaset (Thèbes). Ils firent ce que sa majesté avait dit.
Naviguant vers le nord sur le fleuve, ils rencontrèrent de nombreux navires allant vers le sud avec des soldats et des marins, toutes sortes de troupes combattantes de la Basse-Égypte, équipées d’armes de guerre pour lutter contre l’armée de sa majesté. Alors un grand carnage fut fait d’eux, dont le nombre est inconnu. Leurs troupes et leurs navires furent capturés et emmenés prisonniers là où se trouvait Sa Majesté.

Bataille, vers Hermopolis et Héracléopolis

Villes d'Egypte des annales de Piye

Villes d’Egypte des annales de Piye

Ils se sont dirigés vers Hnenes (Héracléopolis) et ont lancé un défi au combat. Liste des nobles et rois de Basse-Égypte :

  • Le roi Nimlot et le roi luput.
  • Le chef des Ma, Sheshonq de Per-Usirnebdjedu (Bousiris).
  • Et le Grand Chef des Ma, Djedamenefankh de Per-Banebdjedet (Mendès).
  • Et son fils aîné, le commandant de Per-Thot-weprehwy (Hermopolis Parva).
  • Les troupes du prince Bakennefi et de son fils aîné.
  • Le noble et Chef des Ma, Nesnaisu de Hesbu.

Chaque chef portant des panaches de la Basse-Égypte.
Et le roi Osorkon de Per-Bast (Boubastis) et le district de Ranofer (Ro-nefer)
Tous les nobles, tous les chefs des domaines à l’ouest, à l’est et dans les îles du milieu étaient unis dans leur allégeance aux pieds du grand chef de l’ouest, le chef des domaines de la Basse-Égypte, le prophète de Neith, maîtresse de Saïs (Saïs), le prêtre Setem de Ptah, Tefnakht.

Ils sont sortis contre eux. Ils en firent un grand carnage, extrêmement grand. Leurs navires sur le fleuve ont été capturés. Le reste a fait une traversée et a atterri du côté ouest à proximité de Perpeg. De l’aube au lendemain, les troupes de sa majesté passèrent à leur rencontre et les troupes se mêlèrent aux troupes. Ils tuèrent beaucoup de leurs hommes et d’innombrables chevaux. La terreur s’abattit sur le reste et ils s’enfuirent en Basse-Égypte à cause du coup qui fut grand et extrêmement douloureux.

Liste des défaits : Le roi Nimlot s’est rendu en amont vers le sud quand on lui a dit : « Khmun (Hermopolis) est confronté à la guerre des troupes de sa majesté, son peuple et son bétail sont capturés. » Il entra dans Unu (nome du Lièvre), alors que l’armée de sa majesté était sur le fleuve et sur les rives d’Unu (nome du Lièvre). Ils l’entendirent et encerclèrent Unu (nome du Lièvre), sur ses quatre côtés, ne laissant pas passer les spectateurs, ne laissant pas entrer les voyageurs(3).

Piyé se montre impatient
Ils ont écrit pour faire rapport à sa majesté, le roi Piyé, bien-aimé d’Amon, donneur de vie, à chaque attaque qu’ils avaient faite, à chaque victoire de sa majesté. Sa majesté s’en déchaîna comme une panthère : « Ont-ils laissé un reste de l’armée de la Basse-Égypte, afin d’en laisser échapper quelques-uns pour rapporter la campagne, au lieu de tuer et de détruire le dernier d’entre eux ?
Je jure, comme mon père Amon me favorise, j’irai moi-même vers le nord, je détruirai ses œuvres, je lui ferai abandonner le combat pour toujours !
Lorsque les rites du Nouvel An seront accomplis et que j’offrirai à mon père Amon lors de sa belle fête, lorsqu’il fera sa belle apparition du Nouvel An, il m’enverra en paix voir Amon lors de sa belle fête d’Ipet.
Je le transporterai dans son cortège processionnel vers Ipet du Sud lors de sa belle fête de la « Nuit d’Ipet » et de la fête de « Celui Qui Demeure à Ouaset (Thèbes) » que Rê fit pour lui au début. Je le conduirai dans sa maison, pour qu’il repose sur son trône, le jour où « J’amènerai le Dieu », au troisième mois de l’inondation, deuxième jour. Et je laisserai la Basse-Égypte goûter le goût de mes doigts ! » »

Alors l’armée qui était ici en Égypte apprit la colère que Sa Majesté avait contre eux. Ils se sont battus contre Per-medjed du nome Waseb (Nome des Deux Sceptres(2)), ils l’ont capturé comme une averse. Ils ont écrit à sa majesté – son cœur n’en était pas apaisé.
Puis ils se sont battus contre « le Sommet Grand de Victoires« (Akoris). Ils l’ont trouvé rempli de troupes, toutes sortes de combattants de la Basse-Égypte. Une tour de siège a été faite contre lui. Son mur a été renversé. Un grand carnage en a été fait, un nombre incalculable, y compris un fils du chef de Ma, Tefnakht. Ils ont écrit à sa majesté – son cœur n’en était pas apaisé.
Ils se sont battus contre Hout-benu (Houtbenou), son intérieur a été ouvert. Les troupes de Sa Majesté y entrèrent. Ils écrivirent à sa majesté, son cœur n’en fut pas apaisé.

Piyé se rend en Égypte et assiège Hermopolis
Premier mois de la première saison, jour 9, sa majesté s’est rendue au nord, à Ouaset (Thèbes). Il célébra Amon lors de la fête d’Ipet. Sa Majesté a navigué vers le nord jusqu’au port d’Unu (nome du Lièvre). Sa Majesté sortit de la cabine du navire. Les chevaux étaient attelés, le char était monté tandis que la grandeur de sa majesté atteignait les Asiatiques et que tous les cœurs tremblaient devant lui.
Sa majesté éclata pour injurier ses troupes, rageant comme une panthère : « Continuez-vous à vous battre en retardant mes ordres ? C’est l’année d’en finir, de me faire respecter en Basse-Égypte, et leur infliger une grande et sévère raclée ! »
Il installa son camp au sud-ouest de Khmun (Hermopolis). Ils s’y serraient tous les jours. Un remblai a été réalisé pour clôturer le mur. Une tour de siège a été érigée pour élever les archers pendant qu’ils tiraient, et les frondeurs alors qu’ils lançaient des pierres et tuaient des gens chaque jour.
Les jours passaient, et Unu (nome du Lièvre) était une puanteur au nez, faute d’air pour respirer. Alors celui d’Unu (nome du Lièvre) se jeta sur son ventre, pour plaider devant le roi de Basse-Égypte(4). Des messagers allaient et venaient avec toutes sortes de choses belles à voir : de l’or, des pierres précieuses, des vêtements dans un coffre, le diadème pour sa tête, l’uraeus qui jetait sa puissance, sans cesser pendant plusieurs jours d’implorer sa couronne.
Puis il envoya son épouse, l’épouse royale et la fille royale, Nestjenet, pour implorer les épouses royales, les concubines royales, les filles royales et les sœurs royales. Elle se jeta à plat ventre dans la maison des femmes devant les femmes royales : « Venez à moi, épouses royales, filles royales, sœurs royales, afin que vous puissiez apaiser Horus, seigneur du palais, grand de pouvoir, grand de triomphe ! »
[…]
Piyé dit à Nimlot : « Voici, qui te guide, qui te guide ? Qui donc te guide, qui te guide ? tu as abandonné le chemin de la vie ! Est-ce que le ciel a fait pleuvoir des flèches ? J’étais heureux que les Sudistes se soient inclinés et que les Nordistes aient dit : « Mettez-nous à votre pouvoir ! » Était-ce mal que […]  avec ses cadeaux ? Le cœur est le gouvernail. Il fait chavirer son propriétaire par ce qui vient de la colère de dieu. Il voit les feux comme de la fraîcheur […] Il n’est pas vieilli celui qu’on voit avec son père. Vos nomes sont pleins d’enfants. »
Nimlot se jeta à plat ventre devant sa majesté en disant : « Apaisez-vous, Horus, seigneur du palais ! C’est votre puissance qui me l’a accordé. Je suis un des servants du roi qui règle ses taxes au trésor […] leurs impôts, j’ai fait pour vous plus qu’eux. »
Ensuite, il a présenté de l’argent, de l’or, du lapis-lazuli, de la turquoise, du cuivre et toutes sortes de pierres précieuses. Le trésor était rempli de cet hommage. Il a apporté un cheval avec sa main droite, et dans sa main gauche un sistre d’or et de lapis-lazuli.

Sa majesté se leva dans la splendeur de son palais et se rendit au temple de Thot, seigneur de Khmun (Hermopolis). Il a sacrifié des bœufs, des courtes-cornes et des volailles à son père Thot, seigneur de Khmun (Hermopolis), et à l’Ogdoad (Ennéade) dans le temple de l’Ogdoad (Ennéade). Et les troupes d’Unu (nome du Lièvre), criaient et chantaient en disant : « Comme Horus est bon en paix dans sa ville. Le Fils de Rê, Piyé ! Tu nous fais un jubilé, comme tu protèges Unu (nome du Lièvre) ! »

Sa Majesté se rendit à la maison du roi Nimlot. Il parcourut toutes les pièces du palais, son trésor et son entrepôt. Nimlot lui a présenté les épouses royales et les filles royales. Elles ont salué sa majesté à la manière des femmes, tandis que sa majesté ne dirigeait pas son regard vers elles.
Sa Majesté se rendit à l’écurie des chevaux et au logement des poulains. Quand il vit qu’ils avaient été laissés à leur faim, il dit : « Je jure, comme Rê m’aime, comme mon nez est rafraîchi par la vie : de voir mes chevaux affamés me fait plus de mal que tout autre crime que tu as commis dans ton imprudence ! Je t’apprendrais à respecter tes voisins. Ne sais-tu pas que l’ombre de Dieu est au-dessus de moi et ne laisse pas mon action échouer ? Qu’un autre, quel qu’il soit, l’eût fait pour moi ! Je n’aurais pas à le réprimander pour cela. J’ai été façonné dans le ventre, créé dans l’œuf du dieu ! La graine du dieu est en moi ! Par son Ka, je n’agis pas sans lui. C’est lui qui m’ordonne d’agir ! »
Ensuite, ses biens ont été affectés au trésor, et son grenier à la dotation d’Amon à Ipet-sout (Karnak).

Héracléopolis affirme sa loyauté, d’autres villes se rendent
Là vint le souverain de Hnenes (Héracléopolis), Peftuaubast, portant tribut à Pharaon : or, argent, toutes sortes de pierres précieuses, et les meilleurs chevaux de l’écurie. Il se jeta à plat ventre devant sa majesté et dit :
« Salut à toi, Horus, roi puissant,
Taureau attaquant des taureaux !
Le monde de l’au-delà m’a saisi,
J’ai sombré dans les ténèbres,
ô toi qui me donnes les rayons de son visage !
Je n’ai pu trouver d’ami le jour de la détresse,
Qui se lèverait le jour de la bataille,
Sauf toi, ô roi puissant,
Tu as chassé les ténèbres de moi !
Je servirai avec mes biens,
Hnenes (Héracléopolis) doit à votre demeure,
Vous êtes Harakhti au-dessus des étoiles immortelles !
Comme il est roi, tu l’es aussi,
Comme il est immortel, tu es immortel,
Roi couronné, Piyé, éternel ! »
Puis sa Majesté a navigué vers le nord jusqu’à l’entrée du canal de Rehone, et a trouvé Per-Sekhemkheperre (Per-Sekhemkheperre), avec son mur élevé, sa porte fermée, et rempli de toutes sortes de combattants de la Basse-Égypte. Alors sa majesté leur envoya dire : « Ô vous qui vivez dans la mort, vous qui vivez dans la mort ; vous, pauvres malheureux, vous qui vivez dans la mort ! Si le moment passe sans que vous m’ouvriez, vous serez comptés tués selon le jugement du roi. Ne barrez pas les portes de votre vie, afin d’être mis cercueil aujourd’hui ! Ne désirez pas la mort et ne rejetez pas la vie ! […] devant tout le pays. »
Alors ils envoyèrent dire à sa majesté :
« Voici, l’ombre de Dieu est au-dessus de toi,
Le fils de Nut t’a donné ses bras !
Le plan de ton cœur se produit instantanément,
Comme le bouche à oreille de Dieu.
Vraiment, tu es né de Dieu,
Car nous le voyons par le travail de vos bras !
Lo, ta ville et ses portes
[…]
Que les participants entrent, que les spectateurs partent,
Que sa majesté fasse ce qu’elle veut ! »

Ils sortirent avec un fils du chef des Ma, Tefnakht. Les troupes de sa majesté y entrèrent, et il n’en tua pas un de tous les gens qu’il trouva […] et trésoriers, afin de sceller ses possessions. Ses trésors étaient affectés au trésor, ses greniers en dotation à son père Amon-Rê, seigneur des Trônes-des-Deux-Terres (Thèbes).

Sa majesté a alors navigué vers le nord. Il trouva Mer-Atoum (Meidum), la maison de Sokar, seigneur de Sehedj, fermée et inaccessible. Il avait résolu de se battre.[…]; la peur de sa grandeur leur scellait la bouche. Sa Majesté leur envoya dire : « Voyez, deux voies s’offrent à vous ; choisissez comme vous voudrez. Ouvrez, vous vivez ; fermez, vous mourez. Ma Majesté ne passera pas par une ville fermée ! » Alors ils ont ouvert immédiatement. Sa Majesté entra dans la ville. Il a sacrifié […], à Menhy, premier de Sehedj. Son trésor a été affecté au trésor, son grenier en dotation à Amon à Ipet-sout (Karnak).

Sa majesté a ensuite navigué vers le nord jusqu’à Iti-taouy (Licht). Il trouva le rempart fermé, les murailles remplies de vaillantes troupes de la Basse-Égypte. Alors ils ouvrirent les portes et se jetèrent à plat ventre devant sa majesté en disant à sa majesté :
« Ton père t’a donné son héritage,
A vous les Deux Terres, à vous celles qui s’y trouvent,
Tout ce qui est sur terre est à toi ! »
Sa Majesté alla offrir un grand sacrifice aux dieux de cette ville : bœufs, cornes courtes, volailles, et tout ce qui est bon et pur. Son magasin était affecté au trésor, son grenier en dotation à son père Amon-Rê.

Prise de Memphis
Sa Majesté navigua jusqu’au nome des Murs Blancs (Memphis). Il leur envoya un messager en disant : « Ne fermez pas, ne vous battez pas, ô demeure de Shu des temps primordiaux ! J’offrirai une offrande à Ptah et aux dieux des Murs Blancs (Memphis). Je sacrifierai à Sokar à Shetit. Je verrai « Celui qui se tient au sud de son mur », afin de naviguer vers le nord en paix ! […] Les habitants des Murs Blancs (Memphis) seront sains et saufs. On ne pleurera pas sur les enfants. Regardez les nomes du Sud ! Personne n’y fut tué, sauf les rebelles qui avaient blasphémé Dieu. Les traîtres ont été exécutés. »
Ils ont fermé leur fort. Ils envoyèrent des troupes contre certaines des troupes de sa majesté, composées d’artisans, de constructeurs et de marins qui étaient entrés dans le port des Murs Blancs (Memphis).

Et le chef de Saïs (Saïs) arriva de nuit aux Murs Blancs (Memphis) pour charger ses soldats, ses marins, tout le meilleur de son armée, composée de 8 000 hommes, les chargeant fermement : « Voyez, Men-néfer (Memphis) est remplie de troupes de tout ce qu’il y a de mieux en Basse-Égypte, d’orge, d’amidonnier et de toutes sortes de céréales, les greniers débordent d’armes de guerre de toutes sortes. Un rempart l’entoure. Un grand rempart a été construit, un ouvrage d’art artisanal entoure son côté est ; on ne peut pas y combattre. Les écuries ici sont remplies de bœufs. Le magasin est garni de tout : argent, or, cuivre, vêtements, encens, miel, résine. J’irai donner des présents aux chefs de la Basse-Égypte. Je leur ouvrirai leurs nomes. Je serai  […], dans quelques jours je reviendrai. » Il monta à cheval car il ne se fiait pas à son char, et il s’en alla vers le nord dans la crainte de sa majesté.

A l’aube du lendemain, Sa Majesté arriva aux Murs Blancs (Memphis). Lorsqu’il débarqua au nord, il trouva l’eau montée jusqu’aux murailles et les navires amarrés aux maisons de Men-néfer (Memphis). Sa majesté a vu que la ville était forte, les murs étaient hauts avec de nouvelles constructions, et les remparts garnis de soldats. Aucun moyen de l’attaquer n’a été trouvé. Chaque homme de l’armée de sa majesté avait son mot à dire sur un plan d’attaque. Certains disaient : « Bloquons […], car ses troupes sont nombreuses. »
D’autres disaient : « Faites-lui une rampe, afin que nous élevions le sol jusqu’à son mur. Construisons-lui une tour de siège, dressons-lui des mâts et utilisons des voiles comme murs. Vous devriez le diviser ainsi sur chacun de ses côtés avec des remparts, et une chaussée sur son nord, de manière à élever le sol jusqu’à son mur, afin que nous trouvions un chemin pour nos pieds. »
Alors Sa Majesté se déchaîna contre eux comme une panthère, en disant : « Je jure, comme Rê m’aime, comme mon père Amon me favorise, selon l’ordre d’Amon ! Le sud s’est ouvert à lui de loin, bien qu’Amon ne l’ait pas mis dans leur cœur, et ils ne savaient pas ce qu’il avait commandé. Amon l’a fait pour montrer sa puissance, pour faire voir sa grandeur. Je la saisirai comme une averse, car Amon-Rê me l’a ordonné ! »

Puis il envoya sa flotte et ses troupes attaquer le port de Men-néfer (Memphis). Ils lui ont apporté chaque navire, chaque ferry, chaque canot, tous les nombreux navires qui étaient amarrés dans le port de Men-néfer (Memphis), avec la corde de proue attachée à ses maisons. Il n’y eut pas un simple soldat qui pleura parmi toutes les troupes de sa majesté. Sa Majesté lui-même est venue aligner les nombreux navires.
Sa majesté ordonna à ses troupes : « En avant contre lui ! Montez les murs ! Entrez dans les maisons au-dessus du fleuve ! Amenez la Haute-Égypte jusqu’à la mer, nous ramènerons la Basse-Égypte à bon port. Nous nous assoirons à la Balance des Deux Terres ! »
Puis Men-néfer (Memphis) fut saisi comme par une averse. De nombreuses personnes y furent tuées ou emmenées en captivité là où se trouvait Sa Majesté.

Le lendemain, à l’aube, sa majesté y envoya des gens pour protéger les temples de Dieu pour lui. Le bras était levé sur le saint des saints des dieux. Des offrandes ont été faites au Conseil (des dieux) de Hout-ka-Ptah (Memphis). Men-néfer (Memphis) a été nettoyé avec du natron et de l’encens. Les prêtres étaient mis à leur place.
Sa Majesté se rendit à Per-Ptah (Quartier de Memphis). Sa purification a été effectuée dans le vestiaire. On accomplit pour lui tous les rites habituellement accomplis pour un roi lorsqu’il entre dans le temple. Une grande offrande fut faite à son père « Ptah qui est sud de son mur », de bœufs, de cornes courtes, de volaille et de toutes bonnes choses. Puis sa majesté se rendit chez lui.
Alors tous les districts de la région de Men-néfer (Memphis) l’entendirent : Herypederny, Peninewe, le fort de Byu, l’oasis de Bit. Ils ont ouvert les portes et se sont enfuis, et on ne sait pas où ils sont allés.

Trois souverains se rendent.
Puis vinrent le roi Iuput, et le chef des Ma, Akanosh, et le prince Pediese, et tous les nobles de la Basse-Égypte, portant leur tribut, pour voir la beauté de sa majesté.
Les trésors et les greniers de Men-néfer (Memphis) ont été attribués en dotation à Amon, à Ptah et à l’Ennéade de Hatkeptah (Memphis).

Piyé visite les sanctuaires d’Héliopolis
De l’aube jusqu’au lendemain, Sa Majesté se dirigea vers l’Est(5). Une offrande a été faite à Atoum dans Kheraha, à l’Ennéade dans Per-Pesdjet et à la caverne des dieux qui s’y trouvent, composée de bœufs, de courtes-cornes et de volailles, afin qu’ils puissent donner vie-prospérité-santé au roi de Haute et Basse-Égypte, Piyé, éternel.

Sa Majesté se rendit à Iounou (Héliopolis) par cette montagne de Kheraha sur la route de Sepa (Per-Sopdou) à Kheraha.

Sa majesté se rendit au camp à l’ouest d’Iti(6). Sa purification a été faite : il a été purifié dans la piscine de Kebeh. Son visage a été baigné dans la rivière de Noun, dans laquelle Rê baigne son visage.

Il s’est rendu au « Grand du Désert » à Iounou (Héliopolis). Une grande offrande fut faite sur le « Grand du Désert » d’Iounou (Héliopolis), devant la face de Rê à son lever, composée de bœufs blancs, de lait, de myrrhe, d’encens et de toutes sortes de plantes odorantes.

Se rendant en procession au temple de Rê, entrant dans le temple avec des adorations, le chef lecteur-prêtre louait Dieu en repoussant les rebelles du roi.

Accomplissant les rites du vestiaire, afin que le vêtement-sedeb puisse être attaché. Il a été purifié avec de l’encens et des libations. Des guirlandes pour le Hout-Benben(7) lui ont été présentées et des fleurs lui ont été apportées. Il monta les marches de la grande fenêtre, pour voir Ré du Hout-Benben. Le roi se tenait tout seul pour briser les scellés des verrous, ouvrir les portes, voir son père Ré dans le Hout-Benben, honorer la barque du matin de Ré et la barque du soir d’Atoum, pour fermer les portes, appliquer l’argile, sceller avec le propre sceau du roi, et instruire les prêtres : « J’ai inspecté le sceau. Aucun autre roi qui se lèvera n’entrera ici. » Ils se placèrent à plat ventre devant sa majesté en disant : « Demeure éternellement sans fin, Horus bien-aimé d’Iounou (Héliopolis) ! Vous entrez dans le temple d’Atoum ! Vous Adorez l’image de votre père Atoum-Khepri, Grand d’Iounou (Héliopolis). »

Puis vint le roi Osorkon pour voir la beauté de sa majesté.

Piyé tient sa cour à Athribis
A l’aube du lendemain, sa majesté se rendit au port à la tête de ses navires. Il a traversé le port de Kemour (Athribis). Le camp de sa majesté était érigé au sud de Keheny, à l’est de Kemour (Athribis).
Alors vinrent ces rois et nobles de la Basse-Égypte, tous les chefs coiffés de plumes, tous les vizirs, les chefs, les amis du roi de l’ouest, de l’est et des îles au milieu d’eux, pour voir la beauté de sa majesté.

Le prince Pidiese se jeta à plat ventre devant sa majesté en disant : « Venez à Kemour (Athribis), que vous puissiez voir Khentikhety, que Khuyert vous protège, que vous offriez une offrande à Horus dans sa maison, de bœufs, de cornes courtes et de volaille. Quand vous entrerez dans ma maison, mon trésor vous sera ouvert. Je vous présenterai les biens de mon père. Je vous donnerai de l’or autant que vous voudrez, des turquoises entassées devant vous, et beaucoup de chevaux parmi les meilleurs de l’écurie, les meilleurs de l’étal. »

Sa Majesté se rendit à la maison d’Horus Khentykhety (Harkhentikhet). Une offrande de bœufs, de cornes courtes et de volaille fut faite à son père Horus Khentykhety, seigneur de Kemour (Athribis). Sa Majesté se rendit chez le prince Pediese. Pediese lui présenta de l’argent, de l’or, du lapis-lazuli et de la turquoise, une grande quantité de tout, et des vêtements de lin royal de tout nombre ; des sofas recouverts de linge fin, de myrrhe et d’onguent en pots, et des étalons et des juments, tout le meilleur de son écurie.

Il se purifia par un serment divin devant ces rois et grands chefs de la Basse-Égypte disant : « Quiconque cache ses chevaux et dissimule ses richesses mourra de la mort de son père ! J’ai dit cela afin que vous souteniez votre serviteur dans les communications de tout ce que vous savez. Dites si j’ai caché à sa majesté quelque chose de la maison de mon père : lingots d’or, pierres précieuses, vases de toutes sortes, brassards, bracelets d’or, colliers, colliers ouvrés de pierres précieuses, amulettes pour tous les membres, bandeaux, boucles d’oreilles, tous ornements, tous les vases pour la purification de l’or et des pierres précieuses par le roi. J’ai présenté tout cela au roi, et des vêtements de lin royal par milliers des meilleurs de ma maison. Je sais que vous en serez satisfait. Rendez-vous à l’écurie, choisissez ce que vous souhaitez, tous les chevaux que vous désirez ! » Alors sa majesté l’a fait.
Alors ces rois et nobles dirent à sa majesté : « Allons dans nos villes pour ouvrir nos trésors, afin que nous choisissions selon ce que ton cœur voudra, et t’apportons le meilleur de nos écuries, le plus beau de nos chevaux ! » Alors sa majesté l’a fait.

Liste des souverains du nord en présence :

  • Le roi Osorkon de Per-bast (Boubastis), district de Ranofer (Ro-nefer) ;
  • Le roi Iuput de Tentremu (Léontopolis) et Taan ;
  • Noble Djedamenefankh du Grenier-de-Ré à Per-Banebdjedet (Mendès) ;
  • Son fils aîné, le général de Per-Thot-weprehwy (Hermopolis Parva), Ankh-hor ;
  • Noble Akanosh de Tjeb-neter (Sebennytos), Per-hebyt (Iséopolis) et Séma-béhédet (Diospolis) ;
  • Noble et chef des Ma, Patjenfi de Per-Sopdou (Per-Sopdou) et des Greniers de Memphis ;
  • Noble et chef des Ma, Pemai à Per-Usirnebdjedu (Bousiris) ;
  • Noble et chef des Ma, Nesnaisu à Hesbu (Nome de Hesebka) ;
  • Noble et chef des Ma, Nekhthor-neshnu à Per-gerer ;
  • Chef des Ma, Pentweret ;
  • Chef des Ma, Pentbekhent ;
  • Prophète d’Horus, seigneur de Khem (Létopolis), Pedihorsomtus ;
  • Noble Herbes à Per-Sakhmet-nebetsat (Maison de Sekhmet, maîtresse de Saïs) et à Per-Sakhmet-nebetrehsa (Maison de Sekhmet, maitresse de Rehesu) ;
  • Noble Djedkhiu de Khentnefer ;
  • Noble Pebes de Kheraha dans Per-Hapy.

Avec tout leur tribut d’or, d’argent, de pierres précieuses, de sofas recouverts de linge fin, de myrrhe en bocaux, […]  de bonne valeur, de chevaux […] après que celui-ci vint dire à sa majesté : «  […]  le mur. […] . Il a mis le feu à son trésor et aux navires sur le fleuve. Il a mis Mesed en garnison avec des soldats […] ».
Alors sa majesté envoya ses soldats pour voir ce qui se passait là-bas, étant le protecteur du prince Pediese. Ils revinrent faire un rapport à sa majesté en disant : « Nous avons tué tous les hommes que nous y avons trouvés. » Ensuite, sa majesté a donné la ville au prince Pediese en cadeau.

Tefnakht annonce sa soumission
Le chef des Ma, Tefnakht, l’entendit, et un messager fut envoyé à l’endroit où se trouvait sa majesté avec des paroles cajolantes, disant : « Sois gracieux ! Je ne peux pas voir ton visage dans les jours de honte ; je ne peux pas me tenir devant ta flamme ; je redoute ta grandeur ! Car tu es Nubti, le premier du Pays du Sud et Montu, le puissant taureau ! Quelle que soit la ville vers laquelle tu tournes ton visage, tu ne pourras y trouver ton serviteur que lorsque j’aurai atteint les îles de la mer ! Car Je crains votre colère à cause de ces paroles enflammées qui me sont hostiles !
Le cœur de Votre Majesté n’est-il pas refroidi par les choses que vous m’avez faites ? Alors que je suis sous un juste reproche, vous ne m’avez pas frappé conformément à mon crime. Pesez dans la balance, comptez en poids, et multipliez encore par trois. Mais laisse la semence, afin que tu puisses la récolter à temps. Ne coupe pas le bosquet jusqu’à ses racines ! Aie pitié ! La crainte de toi est dans mon corps ; la peur de toi est dans mes os ! »

« Je ne m’assieds pas à la fête de la bière. La harpe ne m’est pas apportée. Je mange le pain des affamés. Je bois l’eau des assoiffés depuis le jour où tu as entendu mon nom ! La maladie est dans mes os, ma tête est chauve, mes vêtements sont des haillons, jusqu’à ce que Neith soit apaisé envers moi ! Long est le cours que vous avez mené contre moi, et votre visage est encore contre moi ! C’est une année qui a purgé mon ka et lavé ton serviteur de sa faute ! Que mes biens soient reçus au trésor : or et toutes pierres précieuses, le meilleur des chevaux, et paiement de toute espèce. Envoie-moi vite un messager, pour chasser la peur de mon cœur ! Laissez-moi aller au temple en sa présence, pour me purifier par un serment divin ! »

Sa majesté envoya le prêtre-lecteur en chef Pediamen-nest-taouy et le commandant Purem. Tefnakht lui offrit de l’argent et de l’or, des vêtements et toutes les pierres précieuses. Il est allé au temple. Il a loué Dieu. Il se purifia par un serment divin, en disant : « Je ne désobéirai pas à l’ordre du roi. Je ne rejetterai pas les paroles de sa majesté. Je ne ferai pas de tort à un noble à son insu. Je ne ferai que ce que le roi a dit. Je ne désobéirai pas à ce qu’il a commandé. »
Alors le cœur de Sa Majesté en fut satisfait.

Redditions définitives, Piyé retourne en Nubie
On vint dire à sa majesté : « Hout-neter-Sobek (Crocodilopolis) a ouvert sa porte. Meten s’est jeté sur son ventre. Aucun nome n’est fermé à sa majesté, des nomes du sud et du nord. L’ouest, l’est et le les îles du milieu sont à plat ventre dans la crainte de Sa Majesté, et envoient leurs biens là où est sa majesté, comme les sujets du palais. »
A l’aube du lendemain, les deux dirigeants de la Haute-Égypte et les deux dirigeants de la Basse-Égypte, les porteurs d’uraeus, revinrent pour baiser le sol à la puissance de sa majesté. Or les rois et nobles de la Basse-Égypte qui venaient voir la beauté de sa majesté, leurs jambes étaient des jambes de femmes. Ils ne pouvaient pas entrer dans le palais parce qu’ils n’étaient pas purs et mangeaient du poisson, ce qui est une abomination pour le palais. Mais le roi Nimlot est entré dans le palais parce qu’il était propre et qu’il ne mangeait pas de poisson. Les trois se tenaient là tandis que lui entrait dans le palais.

Ensuite, les navires furent chargés d’argent, d’or, de cuivre et de vêtements : tout de la Basse-Égypte, tout produit de la Syrie et toutes les plantes du pays du Dieu. Sa majesté a navigué à contre-courant, son cœur joyeux et tous ceux qui l’entouraient criaient. L’Ouest et l’Est ont repris l’annonce et criés autour de sa majesté. C’était leur chant de jubilation :
« Ô souverain puissant, ô souverain puissant,
Piyé, souverain puissant !
Tu reviens après avoir pris la Basse-Égypte,
Vous avez guidé les taureaux vers les femmes !
Joyeuse est la mère qui t’a enfanté,
L’homme qui t’a engendré !
Les habitants de la vallée l’adorent,
La vache qui a porté le taureau !
Tu es éternel,
Ta force demeure,
O souverain aimé d’Ouaset (Thèbes) ! »

Remarques :
(1) : Cette description est très précieuse vis-à-vis de la localisation des cités mentionnées vers l’Ouest, c’est-à-dire le long du canal aujourd’hui appelé Bahr-el-Yousouf, et celles qui sont plutôt vers la rive orientale du Nile. Toutes ne sont pas retrouvées, mais celles qui le sont suffisent pour affirmer que l’offensive de Tefnakht n’a pas atteint Assiout. Les lieux décrits sont ceux de la vallée où le Nil côtoie le Bahr-el-Yousouf.
(2) : Ici « Waseb » est considéré comme étant le nom du Nome des « Deux Sceptre », celui d’Oxyrhynchus, à la lumière de sa qualification vis-à-vis du toponyme « Per-medjed » plus loin dans ce texte même.
(3) : La situation géographique du nome du Lièvre et de Hermopolis, entre le Bahr-el-Yousouf et le Nil, expliquent l’exposé des combats : Namlot s’est retrouvé encerclé par l’armée de Piyé occupant la rive ouest du Bahr-el-Yousouf et la rive est du Nil.
(4) : Ici par roi de « Basse-Égypte » il faut comprendre « Piyé », qui se prétend roi de Haute et de Basse-Égypte. L’emploi de ce terme vise probablement à souligner la faute de Nimlot.
(5) : Cette phrase signifie probablement que Piyé a franchi le Nil, de la rive Ouest vers la rive orientale : Ce qui est conforme à ce qui est aujourd’hui connu de la localisation de la cité d’Héliopolis.
(6) : Cette Iti est probablement Iti-taouy mentionnée plus en avant dans le texte, ce qui signifie que Piyé a de nouveau franchit le Nil, cette fois de l’Est vers l’Ouest.
(7) : Hout-Benben n’est à ce jour pas tout à fait compris. Cependant, il est logique de rapprocher ce terme des grandes pyramides : Ces gigantesques monuments ne peuvent pas passer inaperçus. L’évocation de deux barques conforte cette approche. Avec cette hypothèse, « Héliopolis » désignerait une cité de part et d’autre du grand fleuve, au sud de l’actuelle ville du Caire. Mais de plus en plus de chercheurs considèrent, de plus, que le lit du Nil était différent dans l’antiquité.

 

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