En 1906, dans « Ancient Records of Egypte », James Henry Breasted a traduit une stèle endommagée découverte par Champollion au sud du 8e pylône de Karnak. Elle concerne Amenhotep II.
A Memphis, en 1943, Ahmed Badawi trouva une autre stèle décrivant les mêmes actions de ce souverain Amenhotep II.
Ces deux textes ont permis de mettre au point une traduction commune, reprise, notamment par Barbara Cumming dans « Egyptain historical records of the later eighteenth dynasty », par Claire Lalouette dans « Thèbes ou la naissance d’un Empire ».
La présente page intègre, de plus, la traduction de James B. Pritchard, de 1955, dans « Ancient Near Eastern Texts Relating to the Old Textament », surtout pour la campagne militaire de l’an 9 du même roi.
Les textes ont ici été allégés des multiples actions personnelles du pharaon et des butins ramenés, mais l’ensemble des toponymes y sont présents.
Campagne de l’an 7 :
« Lors de sa première campagne victorieuse, Sa Majesté est allée dans le pays de Retenou afin d’agrandir les frontières de l’Égypte et de distribuer des biens à ceux qui lui sont fidèles. Son apparence était semblable à celle de Bastet, et à celle de Seth dans ses moments de colère.
Sa Majesté a atteint la ville de S-m-sw-y-tw-my (Shamash Edom, Subat-Samas), quand elle montra un exemple de bravoure, se battant elle-même main dans la main (avec les autres soldats). Elle était tel un lion aux yeux féroces, combattant les pays du R-m-n-n (Liban). […].(1)
Sa Majesté traversa l’Oronte à gué, tel Reshep. Elle se retourna et elle vit un petit groupe d’Asiatiques qui se glissaient […]
Retournant vers le sud, sa Majesté à cheval atteint Niy (Niya). S’avançant à cheval vers la ville, les Asiatiques de cette cité, sur leurs murailles, firent hommage au roi.
Sa Majesté, alors, entendit dire que quelques-uns des Asiatiques qui étaient dans la cité d’Yk’-ty (Ougarit) complotaient pour chasser l’infanterie de Sa Majesté qui était dans cette ville. […] Aussitôt elle rejoignit cette cité et encercla tous ses adversaires : elle les tua, de sorte qu’ils devinrent comme ceux qui n’ont jamais existé, rejetés pêle-mêle sur le côté. C’est dans la joie qu’elle revint de là avec tout ce pays étranger comme esclave (2).
(3) […] Sa majesté […] la tribu d’Ana du Hatti unie […] Voici, le chef […] la ville, par crainte de sa majesté. Ses chefs, ses femmes, ses enfants furent emmenés captifs, ainsi que tout son peuple. Voici ce que sa majesté a capturé elle-même […] ses chevaux.
Alors que Sa Majesté se reposa dans sa tente aux environs de Tjerekh (Djarukha), à l’est de Sheshrem (Shechem), des hommes ont détruit le village de Mendjet. Sa Majesté alla à Hetira : le prince de la ville sorti, en paix avec Sa Majesté, apportant tous ses enfants et ses biens. Yuqi (4) fit soumission à Sa Majesté. Sa Majesté atteignit Kadesh (Qadesh). Son chef vint alors en paix vers Sa Majesté. Et l’on fit en sorte qu’il prêta serment de fidélité, et tous ses enfants de même. Sa Majesté alors se divertit à tirer des flèches sur deux cibles de cuivre martelées, au sud de cette ville. On fit aussi des battues à Rebiu (Lapana), dans la forêt, en ramenant des gazelles, des lièvres, des ânes sauvages sans nombre. Sa Majesté se rendit avec ses coursiers à Kashabou (Hasabu), seul, sans compagnon. Elle revint au bout d’un bref instant, ramenant 26 Maryannu […]
Cette ville fit alors sa soumission à Sa Majesté.
Tandis que le roi continuait vers le sud, il rencontra à l’intérieur de la plaine de Saurina (Sharon) un messager du prince du Nahirana, porteur d’une tablette d’argile pendue à son cou. Il l’emmena comme prisonnier à l’arrière de son char. Puis il partit avec ses chevaux, de Sibyn vers le pays bien-aimé, le maryannu prisonnier étant à cheval avec lui.
Sa Majesté arriva à Memphis, le cœur joyeux, tel un taureau puissant.
[…] ».
Remarques :
(1) Ici est surtout mis en avant un acte principal de bravoure du roi : la ville de S-m-sw-y-tw-my n’est pas obligatoirement la première étape d’un itinéraire. En revanche, il est possible, comme dans les annales de Thoutmosis III, que ce premier lieu atteint soit le plus éloigné de la campagne.
(2) Il faut remarquer, ici, un retour d’un lieu vers un autre : c’est pour cette raison qu’il est ici considéré qu’Amenhotep II s’est replié vers une région plus sûre, vers le sud, en emmenant de nombreux esclaves amorrites. Des historiens ont d’ailleurs observés, par la suite, jusqu’à l’époque néo-assyrienne, de nombreuses alliances entre la région de Hamath et la Samarie.
(3) Sur la stèle de Karnak se trouve cette phrase qui a été omise dans les nouvelles traductions et qu’il faut comprendre comme étant un autre résumé de la guerre du souverain avant son retour plus au sud.
(4) James B. Pritchard a considéré ici qu’il s’agissait du pays d’Unqi, alors que les autres traducteurs ont statué pour un nom de personne : le prince de la ville. La version de B. Pritchard a le mérite d’expliquer pourquoi le pharaon est reparti vers le nord, Qadesh dépendait peut-être, à cette époque, du pays d’Unqi.
Campagne de l’an 9 :
« Sa Majesté est allée au Retenou pour sa seconde campagne victorieuse, contre la ville d’Apheq. Elle s’est rendue, assurant une grande victoire au Pharaon. Sa Majesté partit en char, paré d’armes de guerre, contre la ville de Yehem. Maintenant Sa Majesté capture Mepesen, avec Khettjen, deux villes à l’ouest de Socho. Le Maître y était enragé comme un faucon divin, ses chevaux volants comme une étoile du paradis. […]
Après s’être reposé, Sa Majesté partit en char à l’aube, contre la ville d’Iteren, ainsi que contre Migdol-yen. […]
Après l’aube d’un second jour, sa majesté, en char, ornée de l’emblème de Montu, le jour de la Fête du Couronnement Royal de sa Majesté, Anaharath a été pillée […].
Sa Majesté a atteint Huakti (Hasuatti du pays de Hamath). Le Prince de Geba-Shumen, dont le nom est Qaqa, fut amené, sa femme, ses enfants, et toute sa maisonnée aussi. Un autre prince fut désigné à sa place.
Sa Majesté rentra dans la ville de Memphis, son cœur apaisé […]. Maintenant, quand le Prince de Naharina, le Prince du Hatti et le Prince de Shanhar (Sinzar) entendent parler des grandes victoires que j’ai réalisé, chacun rivalise avec son semblable pour faire des offrandes […]. »
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