Salmanazar III au-delà de l’Euphrate

Salmanazar III nous a rapporté des annales montrant que pendant plusieurs années il est allé combattre vers l’Ouest, au-delà de l’Euphrate.
Les extraits ci-dessous sont issus de « Assyrian and Babylonian Literature » de Robert Francis Harper qui a rapporté les textes des monolithes de Kurkh.

Lorsqu’un toponyme est identifié dans ce blog, sa dénomination de l’âge du bronze et/ou son nom moderne est précisé entre parenthèses et un lien permet d’accéder directement à la page de ce site dans laquelle se trouve plus de détails.

« Le 13ème jour mois lyyar je suis parti de Ninive, j’ai traversé le Tigre et les montagnes Hasamu (Hasam à l’âge du bronze) et Dihnunu. Je me suis approché de la ville de Lalate de Ahuni du pays de Bit-Adini. La peur de la splendeur d’Assur, de mon seigneur, les a accablés. Ils sont allés se réfugier dans les montagnes. La ville, je l’ai détruite, dévastée et brûlée par le feu.
De Lalate je suis parti. J’ai avancé vers la ville de Kiraqa d’Ahuni du pays de Bit-Adini. Ahuni du pays de Bit-Adini, confiant dans ses forces, engagea une bataille. Il s’avança contre moi. Grâce à la protection d’Assur et des grands dieux je l’ai renversé. Je l’ai enfermé dans sa ville.
De Kiraqa je suis parti. Je suis allé à la ville Burmarana (Burmarina) d’Ahuni du pays de Bit-Adini. J’ai assiégé la ville et je l’ai capturée. J’ai ramené trois cents de leurs combattants. J’ai érigé une pyramide de têtes devant sa ville.
J’ai reçu l’hommage de Hapini, de la cité de Til-Abna (Til-Abnu ou Till-Abnim), et de Gauni de la ville Sarugi : argent, or, bœufs, moutons et vin.
De Burmarana (Burmarina) je suis parti. A l’aide de navires confectionnés avec des peaux d’agneau j’ai traversé l’Euphrate. J’ai reçu l’hommage de Katazilu du pays de Qummuhu (Kummaha) : argent, or, bœufs, moutons, vin.
J’ai avancé de l’autre côté de l’Euphrate : Au pays de Paqarruhbuni, des villes d’Ahuni, du pays de Bit-Adini. J’ai combattu. J’ai détruit les cités. J’ai rempli la vaste plaine du cadavre de ses guerriers. J’ai ramené 1300 de ses hommes de combat avec mon armée.
De Paqarruhbuni je suis parti. J’ai avancé vers les villes de Mutalli de Gamgumu (Gourgoum). J’ai reçu l’hommage de Mutalli, de Gamgumu (Gourgoum) : argent, or, bœufs, moutons, vin et sa fille avec sa forte dote.
De Gamgumu (Gourgoum) je suis parti. J’ai avancé vers Lutibu (Lutibu), la forteresse de Hanu de Samala (Simal). Hanu de Samala (Simal), Sapalulme le Patinien, Ahuni de Bit-Adini, Sangara de Carchemish (Karkémis), se faisant confiance mutuellement, ont uni leurs forces. Ils se sont avancés pour livrer bataille, et ils m’ont attaqué. Avec le soutien de Nergal, qui m’est supérieur, avec les armes puissantes d’Assur, mon seigneur, je les ai combattus. J’ai renversé leurs troupes. Comme le dieu Ramman, j’ai fait pleuvoir la destruction sur eux. J’ai rempli les fossés des cadavres de leurs guerriers. Avec leur sang j’ai teint la montagne comme de la laine. J’ai emmené beaucoup de chars, de chevaux entraînés au joug. J’ai érigé une pyramide de têtes devant sa ville. J’ai détruit, dévasté et brûlé ses villes.
A cette époque, j’obéissais à la grandeur des dieux et à la bravoure d’Assur et de Shamash. Je les vénérais avant chaque bataille. J’ai fait une grande image montrant ma grandeur royale : j’ai rédigé dessus les actes de ma bravoure et de mes victoires. Je l’ai installé aux sources de la rivière Saluara (Zalwar), qui est au pied des montagnes de Hamani (Amanum).
De Hamani (Amanum) je suis parti. J’ai traversé l’Oronte.
J’ai avancé vers Aliçir (Ullisum), le bastion de Sapalulme, le Patinien. Pour sauver sa vie, Sapalulme, le Patinien, s’est allié avec Ahuni du pays de Bit-Adini, Sagara de Carchemish (Karkémis), Hanu de Samala (Simal), Kateshu de Que, Pihiri de Hiluku, Buranate de Yasbuqu (Yesemek), Ada 

[…]

Mes mains ont capturé Buranate de Yasbuqu (Yesemek). J’ai submergé tel un cyclone les grandes villes des Patiniens, Les cités de l’ouest et de la mer occidentale (?) j’en ai fait des tells. J’ai reçu les hommages des rois de la côte maritime. J’ai marché le long de la côte de la grande mer, juste et triomphant. Une image de mon seigneur, établissant mon nom pour toujours, j’ai faite et installée au-dessus de la mer. J’ai escaladé les montagnes de Hamani (Amanum). J’y ai coupé des poutres de cèdre et de cyprès. Je suis allé aux montagnes d’Atalur, où se trouvait une image d’Anum-hirbi. J’y ai érigé mon image à côté de la sienne.
Je suis reparti de la côte (vers Assur). J’ai capturé Taya (Talhayum), Hazazu (Azaz), Nulia, Butamu des Patiniens. J’ai tué 2800 combattants. J’ai emmené 14600 prisonniers. J’ai reçu l’hommage d’Arame de Bit-Gusi : argent, or, bœufs, moutons, vin, un lit en or et en argent ».
Remarque sur cette campagne : Il est mentionné une seule traversée de l’Oronte, ce qui est une anomalie, il devrait y en avoir une deuxième au retour. En fait, il est fort probable que cette première campagne n’a pas été aussi brillante que ce que les annales décrivent.

La campagne de l’année suivante débute selon le même itinéraire :
« Le 13e jour du mois lyyar, je suis parti de Ninive. J’ai traversé le Tigre et suis passé par les montagnes Hasamu (Hasam à l’âge du bronze) et Dihnunu. J’ai avancé jusqu’à Til-bursip (Til-Barsip), la forteresse d’Ahuni, du pays de Bit-Adini.
Ahuni, du pays de Bit-Adini, confiant dans ses forces m’a attaqué. J’ai accompli sa défaite. Dans sa ville, je l’ai fait taire.
De Til-bursip (Til-Barsip) je suis parti. À bord de navires en peau d’agneau, j’ai traversé l’Euphrate pendant ses hautes eaux. J’ai capturé les villes de [...], Surunu (Surun), Paripa (Iripa), Tilbashere (Til-Basere), Dabigu (Douabiq), six grandes cités d’Ahuni, du pays de Bit-Adini,
J’ai tué ses nombreux combattants et j’ai emporté leur butin. J’ai détruit, dévasté et brûlé par le feu 200 villes voisines. J’ai avancé vers Dabigu (Douabiq) et Sazabu fief de Sangara de Carchemish (Karkémis). J’ai assiégé et capturé cette ville. J’ai tué leurs nombreux combattants et j’ai emporté leur butin. J’ai également détruit, dévasté et brûlé par le feu les villes voisines. […].
J’ai reçu le tribut du pays de Patine : 3 talents d’or, 100 talents d’argent, 300 talents de cuivre, 300 talents de fer, 1000 vases de cuivre, 1000 pièces de tissu panaché, du lin, sa fille avec sa grosse dot, 20 talents d’étoffe violette, 500 bœufs, 5000 moutons. Je lui ai imposé comme tribut annuel un talent d’argent, deux talents d’étoffe violette, |…] cent poutres de cèdre. Je les ai reçus chaque année dans ma ville d’Assur (Assur).
Quant à Hayanu, fils de Gabbaru, au pied du mont Hamanu (Amanus) dix talents d’argent, quatre-vingt-dix talents de cuivre, trente talents de fer, trois cents pièces de tissu panaché, du lin, trois cents bœufs, trois mille moutons, deux cents poutres de cèdre, sa fille avec sa dote, j’ai reçu de lui. Je lui ai imposé |…]
Quant à Aramu, de Bit-Gusi, j’ai reçu de lui dix talents d’or, six talents d’argent, cinq cents bœufs, cinq mille moutons. Comme pour Sangara de Carchemish (Karkémis), trois talents |…].
De Katazilu, de Qummuhu (Kummaha), chaque année je reçu vingt talents d’argent et trois cents poutres de cèdre. »

En voici une dernière, la 6e campagne, qui débute vers le Balih et qui décrit la bataille de Qarqar :
« Dans l’éponymie de Dan-Ashur, dans le mois lyyar, au 14ème jour, je suis parti de Ninive. J’ai traversé le Tigre et vers la ville de Giammu sur la rivière Balich j’ai avancé. Ils avaient peur de la réputation de ma seigneurie et de l’éclat de mes armes puissantes, et avec leurs propres armes, ils ont tué Giammu, leur seigneur. Les villes Kitlala et Tilshaturahi je suis entré. J’ai amené mes dieux dans leurs palais, et j’ai fait une fête dans leurs palais. J’ai ouvert son entrepôt, j’ai inspecté son trésor, j’ai emporté ses biens et possessions, et je les ai amenés dans ma ville d’Assur.
Je suis parti de Kitlala jusqu’à à Kar-Shalmaneser (Til-Barsip). Dans des navires de peaux d’agneau, pour la deuxième fois, j’ai traversé l’Euphrate pendant ses hautes eaux. Dans la ville d’Ashuruttiraçbat, au-delà de la Euphrate, sur le Sagur, que les Hatti appellent Pitru (Pitura), j’ai reçu l’hommage des rois de l’au-delà de l’Euphrate, à savoir Sangar de Carchemish (Karkémis), Kundashpi de Qummuhu (Kummaha), Arame de Bit-Gusi, Lalli de Melitu (Malatya), Hayani de Bit-Gabbar, Kalparuda de Patinu, Kalparuda de Gamgumu (Gourgoum) : argent, or, cuivre, vases de cuivre.
J’ai quitté l’Euphrate et je me suis avancé vers Halman (Halab). Ils ont évité la bataille et ils ont saisi mes pieds. Argent et or, leur hommage, j’ai reçu. J’ai offert des sacrifices à Ramman de Halman (Halab).
De Halman (Halab) je suis parti et vers les villes d’Irhuleni de Hamath (Hama) j’ai avancé. Adenu, Barga, Argana, ses villes royales j’ai capturé. Son butin, ses possessions, l’intérieur de ses palais, j’ai fait sortir et ses palais j’ai mis le feu.
Je suis parti d’Argana et je suis allé à Qarqara (Qarqar). Qarqara (Qarqar), sa ville royale, j’ai détruit, dévasté et brûlé par le feu. 1200 chars, 1200 chevaux, 20000 soldats de Benhadad de Damas (Damascus); 700 chars, 700 chevaux, 10000 soldats de Irhuleni de Hamath (Hama) ; 10000 soldats d’Achab de Sir-ila-a-a (Israël) ; 500 soldats des Guians (Qué); 1000 soldats Musréens (Egyptiens) ; dix chars, 10000 soldats des Irqanatéens (Irqata); deux cents soldats de Matinu-bale d’Arvad (Arwad); deux cents soldats Usanatéens ; trente chars, dix mille soldats d’Aduni-balu des Shianiens; mille chameaux de Gindubu l’Arbean […] dix mille soldats de Basa, fils de Ruhubi, l’Amanéen : ces douze rois sont venus à son aide, pour faire la guerre et se battre contre moi. Je me suis battu contre eux avec les forces splendides qu’Assur, mon seigneur, m’a dotées, avec les armes puissantes que Nergal, qui me précède en puissance, m’a données. De Qarqara (Qarqar) à Gilzani je les ai défaits. J’ai ramené grâce à mon bras 1400 soldats, leurs combattants. Comme Ramman, j’ai fait pleuvoir la destruction sur eux et j’ai dispersé leurs cadavres. Avec mes armes, J’ai rempli les ruines des corps de leurs nombreux soldats. J’ai fait couler leur sang dans les ravins de la région. La plaine était trop petite pour accueillir leur dépouille. Avec leurs corps j’ai bouché l’Oronte pour faire un pont. Dans cette bataille, je me suis emparé de leurs chars, leurs chevaux dressés et leurs chevaux de trait. »

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