Sahlala, la ville sous le tell Sahlan

 

En Syrie, près de la frontière turque, le Tell Chuera fait l’objet de travaux archéologiques depuis 1958 par des équipes allemandes qui ont trouvé environ 60 tablettes cunéiformes. Leurs traductions montrent une correspondance entre plusieurs hauts personnages des villes de Harbé, Sahlala et Assukanni. Le Tell Chuera a rapidement été identifié comme étant Harbé. Et ces archéologues sont en faveur d’un positionnement de Sahlala au Tell Sahlan, à l’ouest du Tell Chuera, au nord de la vallée du Balih (voir « Die mittelassyrischen Texte aus Tell Chera in Nordoste-Syrien » de Stefan Jakob). D’autant plus qu’une des tablettes trouvées sur le Tell Sabi Abyad, quelques kilomètres au sud du Tell Sahlan, évoque également une cité appelée Sahlalu.
Mais cette localisation n’est pas acceptée par tous, notamment parce que le tell Sahlan n’a pas été fouillé.
Nele Ziegler et Anne-Isabelle Langlois dans « Les toponymes paléo-babyloniens de la Haute-Mésopotamie » retiennent également, avec un degré de certitude de 2, la localisation de Sahlala au Tall Sahlan (higeomes n°103).
Il faut dire que les archives de Mari montrent une abondance de toponymes proches, Zilhan, Zalluhan, Zulluhan Zallul, Zihlalum … complexifiant l’analyse. Le sens des textes permet de retenir :

  • Zilhan et Zalluhan (Zulluhan ne serait qu’une variante de Zalluhan d’après J.M. Durand), qui s’avèrent non loin d’Urkish. Ces deux dernières dénominations apparaissent dans la même tablette A.2567 de Mari et semblent donc désigner deux villes différentes. En s’appuyant sur d’autres textes, Jean-Marie Durand positionne Zalluhan dans l’Idamaras (dans ce blog, la ville Zalluhan est localisée au nord du tell Chuera) et Zilhan vers Qattunan ;
  • Zallul, située vers les bords de l’Euphrate, qui est devenue Bit-Zallal lors de l’Empire Néo-assyrien ;
  • Zihlalum : X178 évoque un raid de La.rim-Namahâ d’Aparhâ sur la ville de Zihlalum. Après avoir levé des troupes sur les Bords de l’Euphrate, une armée mariote est partie et a pris en chemin la ville d’Ahunâ. V21 signale que le prince d’Aparhâ, La.rim-Namahâ, a été défait. Sûmu-êpuh, roi du Yamhad, demande son exécution. Et puis, un millénaire plus tard, sur une stèle trouvée à Assur, Bel-lu-balat, un gouverneur assyrien, se déclare avoir été le « Saknu » des villes de Tabetu, Harran, Huzirina, Der, Qipanu, Zilalu et Balihu. Ce qui montre bien l’existence d’une cité de nom Zihlalum ou Zilalu vers la région de Harran.

Et donc, sous le Tell Sahlan, seul Zihlalum au début du 2e millénaire avant notre ère, et Zilalu mille ans plus tard (ou Salua dans les archives de Salmanazar 1er) apparaissent géographiquement probables.
Cette même cité est sans doute aussi appelée « Sehlali » dans les tablettes d’Amarna, associée ou faisant partie des pays d’Amurru et agresseurs de l’Égypte.
De plus, il est probable que cette ancienne ville soit le toponyme « Sahal », entre « Carrhae » et « Ressaina » (Ras-al-Ayn) des tables de Peutinger.

Mes notes de vraisemblance :
Sous le Mitanni, le Tell Sahlan était Sahlala : 3,5/5
A l’âge du bronze, en akkadien, le Tell Sahlan était Zihlan ou Zihlalum : 3/5
Sous l’Empire Médio-assyrien, le Tell Sahlan était Zilalu ou Salua : 3/5

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