Le Tell Chuera se situe en Syrie près de la frontière turque. Le site est d’une superficie de 80 ha. Il est fouillé depuis 1958 par des équipes d’archéologues allemands. L’occupation humaine y est importante durant les 4e et 3e millénaires avant notre ère et moindre lors du 2e millénaire. Pourtant 60 tablettes ont été trouvées dans cette dernière couche.
Les traductions montrent une correspondance entre plusieurs hauts personnages qui mentionnent principalement les villes de Harbe, Sahlala et Assukanni. La plus abondante documentation est celle de Sitiu résident (temporaire ?) de la ville de Harbe. Elle concerne la gestion des déplacements d’individus et de populations sur un axe de circulation important comprenant Sahlala et Assukanni. Ces archives ont été rapprochées de celles du tell Sheikh Hamad : des noms de personnes y sont communs, notamment celui d’Assur-iddin gouverneur de Dur-Katlimmu et roi du Hanigalbat. Un des correspondants, Sin-Mudammeq, résidait le plus souvent à Assukani, l’ancienne capitale du Hanigalbat.
http://ancientneareast.tripod.com/Chuera.html
Vers le début du deuxième millénaire, les archives de Mari font apparaître plusieurs villes dénommées Harbu. Une dans le Yamutbal et une autre proche de Yabliya sous la dépendance d’Eshnunna. Jean-Marie Durand, dans « les documents épistolaires du palais de Mari » précise que ce toponyme signifiait « ruine ». Il est donc probable que les « Harbu » / « Harbe » du début du deuxième millénaire soient différentes de celles de la fin de ce même millénaire. Et aussi, il est possible que le Tell Chuera avait un autre nom auparavant. Dans ce blog, il est considéré comme étant le toponyme « Hubur » des archives de Mari. Ce serait la ville, située au partage des eaux entre le Habur et le Balih, qui a donné son nom à la rivière plus à l’Est.
Les textes traduits montrent que la plupart des actes administratifs des tablettes se déroulent à Harbé, ce qui confirme le nom d’alors du Tell Chuera. Les découvreurs allemands ont positionné Sahlala au Tell Sahlan (aucune fouille ne confirme ce rapprochement) et Assukanni au Tell Fakariya, notamment sur la base du texte TCH92.G.151 où il est possible de comprendre que les trajets Harbe/Sahlala et Harbe/Assukanni se réalisaient en une journée de chariot.
Mais, avec ce moyen, quelle distance pouvait-on parcourir en une journée à cette époque ? Le témoignage d’Hérodote, 7 siècles plus tard, montre une moyenne de 350 km par jour entre Suse et Sardes.
D’autres hypothèses sont possibles. En se basant notamment sur le fait que le roi d’Égypte y apparaît et que les autres lieux et peuples évoqués sont éloignés : Emar, Sidon, On, les Kassites, des habitants d’Elam, de l’Amurru, d’Assyrie et du Hatti ;
Sahlala peut être Zallul, certifié sur les bords de l’Euphrate dans les archives de Mari, ou un port de la Méditerranée (déformation de Alalakh ?) ;
Assukanni peut être la capitale appelée par ailleurs Wassukanna (à l’époque du Kizzuwatna) et en même temps Wahsusana des marchands de Kanès, située dans ce blog sur l’île de Chypre.
Une analyse de l’origine de l’argile des tablettes permettrait de lever ces doutes.
Mes notes de vraisemblance :
Le Tell Chuera s’appelait Harbu, Harbe ou Hurbe à la fin de l’âge du bronze : 3/5
Le Tell Chuera s’appelait Hubur dans les archives de Mari : 2,5/5
12 juin 2021
Age du bronze, Akh Purattim, Bronze final, Bronze moyen, Empire Médio-Assyrien, Levant, Mitanni, Syrie