Au 3e millénaire avant notre ère, une inscription de Gudéa, sur la statue B V 54-59 d’Ur III, mentionne une provenance d’arbres précieux de « Urshu sur le plateau d’Ebla ». Ce qui a laissé supposer qu’Urshu ou Ursu était proche de la célèbre ville.
Ursum apparaît effectivement dans les archives d’Ebla. Des traités d’alliances existaient entre les deux cités.
Au début du 2e millénaire avant notre ère ce même toponyme est simultanément dans les archives de Mari, de Kanès et de Hattusa. Et il devait représenter une ville importante de cette période.
Les archives du Tel Hariri l’appellent Urshu ou Ursum. Elle apparaît souvent avec Hassum, Karkémis et le Yamhad. Dans M.13096 il a été relevé une certaine proximité avec Karkémis. Un texte relatif à une escorte d’un bateau transportant du vin depuis Ursu jusqu’à Karkémis a fait penser que la cité était située dans le bassin fluvial de l’Euphrate. Il est possible qu’existait – durant la haute antiquité à Ebla, puis à Ursu qui a dû prendre le relais – un service de transport terrestre de bateaux et de leurs marchandises entre la Méditerranée et l’Euphrate : l’escorte du texte en question exerçait probablement ce type de service.
Dans les archives des marchands assyriens de Kanès, Ursu apparaît être sur un chemin pour aller de Kanès à Assur, en passant par Zalpah, Unipsum et Mamma. Et c’était une voie de passage fréquente comme le laisse penser le texte Kt. c/k 1062 rapporté par Irfan Albayrak et Hakan Erol dans « Kültépé Tabletleri IX-a » : « Le Karum de Kanès dit : « Dites à Assur-emuqi et à la caravane ceci : « Ici le palais a été bouleversé. Attendez à Ursu jusqu’à ce que notre messager vous apporte de meilleures nouvelles ! Dites-le aux prochaines caravanes dès qu’elles vous auront atteints ! » » ».
Les archives Hittites nous ont appris que la ville d’Ursu ou Warsuwa – qui est l’écriture hourrite d’Ursu – n’était pas éloignée de celle de Hassu. Elles sont mentionnées deux fois ensemble :
- Dans les « anecdotes » de l’Ancien Empire, un officier appelé Sanda, qui a été présent au siège d’Ursu, avait fait preuve d’incompétence lors d’une incursion de Hourrites. Il lui était notamment reproché de ne pas avoir fait construire de matériels lourds à partir du bois de la montagne de Hassu.
- Les annales d’Hattusili I indiquent que les hittites ont détruit Alalakh, Hassu et Warsuwa vers le 16e siècle avant notre ère.
Il faut noter que, dans ces archives, Ursu est l’orthographe la plus ancienne. Urussa est celle du Nouvel Empire hittite. Warsuwa est celle du Mitanni, car la cité a été intégrée quelques dizaines d’années au pays des Hourrites. Dans le traité dit « d’Ismerik » Urussa apparaît être une ville du Kizzuwatna.
D’autres désignations proches se trouvent ailleurs :
- Dans les tablettes d’Alalakh : Uris ou Uriess.
- Dans les annales de Thoutmosis III et dans les courriers EA314, EA315 et EA316 d’Amarna : Yursa.
- Et enfin dans un texte de Teglath-Phalasar III, dans une liste de 15 villes du pays d’Unqi : « Urrus ».
Cette cité importante du pays d’Unqi, qui a fait partie du Kizzuwatna puis du Mitanni tout en étant proche de Karkémis a été active durant les trois millénaires d’avant notre ère.
Un site présente toutes ces caractéristiques mais n’a pas été officiellement fouillé, à quelques kilomètres au sud de Nurdagi, sur la voie de communication entre l’Anatolie et l’Assyrie, celui de Gerçin Höyük.
Dominik Bonatz et Marina Pucci ont pu documenter les fouilles illicites, qui progressent chaque année sur ce tell. L’occupation humaine couvre l’âge du bronze et l’âge du fer jusqu’à l’époque hellénistique.
http://gercin-excavations.de/en/history-of-research
http://www.hittitemonuments.com/gercin/
Mes notes de vraisemblance :
Ursu ou Urussa est le site de Gerçin : 2,5/5
4 mars 2021
Age du bronze, Age du fer, Anatolie, Bronze ancien, Bronze final, Bronze moyen, Empire Néo-Assyrien, Kizzuwatna, Mukis, Turquie, Yamhad