Le recoupement des textes d’Ebla, de Mari, de Hattusa et d’Alalakh permet d’affirmer qu’une ancienne ville au nom de Hazuwan, Hassuwa, Hassum ou Hassu était située vers le sud de la Turquie, à l’ouest d’Alep, vers la montagne qui s’appelait autrefois Amanus.
Au troisième millénaire, la cité était sous la gouvernance d’Ebla, tout en ayant un roi local. Elle apparaît sous le nom de Hazuwan.
Dans les archives de Mari, au 18e siècle avant notre ère, elle s’appelle Hassum. Elle est partenaire du Yamhad contre Yahdun-Lim de Mari, mais s’allie à Samsi-Addu contre Sumu-Epuh de Yamhad. Ce sont les tablettes « I1 » et « I24 » qui en parlent le plus, avec Ursum, Karkémis, et le Yamhad.
D’après Jean-Marie Durand, il est probable que le nom de cette ville, ou de la vallée, provient de l’hébreu Hasam qui signifie « obstruer », c’est à dire lieu en « Cul-de-sac ». Cela correspond à la description géographique de la vallée du Karasu située au nord du coude de l’Oronte, là où se trouve la cité actuelle de Hassa.
Les archives hittites nous ont également appris que la ville de Hassu n’était pas éloignée de celle d’Ursu. Elles sont mentionnées deux fois ensemble :
- Les annales d’Hattusili I indiquent que les hittites avaient détruit Alalakh et Ursu, mais aussi, surtout, Hassu, vers le 16e siècle avant notre ère.
- Dans les « anecdotes » de l’Ancien Empire, un officier appelé Sanda, qui a été présent au siège d’Ursu, avait fait preuve d’incompétence lors d’une incursion de Hourrites. Il lui était notamment reproché de ne pas avoir fait construire de matériels lourds à partir du bois de la montagne de Hassu.
Cette même campagne d’Hattusili est aussi relatée sur une tablette provenant de fouilles clandestines, adressée au roi de Tikunan (Tikunani) . Le recoupement des informations a permis de comprendre que l’ordre de marche a été : Zaruna, mont Atalur, rivière Purana, Hassuwa, Zippasna puis Hahha. Deux hypothèses se confrontent au sujet des trois dernières villes de l’ordre de marche d’Hattusili : certains les positionnent à l’ouest de l’Amanus, d’autres à l’Est. Rien n’est sûr, il se peut que le roi hittite ait fait des allers retours à travers l’Amanus.
Hassuwa a subi une autre destruction 150 ans plus tard, sous Telipinu. Khashum est une autre orthographe probable de ce lieu.
Les tells non fouillés sont extrêmement nombreux au nord de l’ancienne ville d’Alalakh.
Tasli Geçit Höyük dispose de trois arguments de rapprochement ; des fouilles de sauvetage y ont été effectuées lors de la construction du barrage de Tahtaköprü sur le Karasu :
1. Une équipe d’archéologues italiens y a exhumé des fortifications datées du début du 2e millénaire avant notre ère puis renforcées vers la fin de l’âge du bronze.
2. Si Hassu est souvent mentionnée dans les archives de Mari et dans celles de Hatussa, elle ne l’est pas du tout dans celles de Kanès, ce qui montre que c’était une capitale politique et non économique.
3. Et puis surtout, la dénomination Hassu où Yassu semble être présente dans le nom du site archéologique voisin de Yesemek, « mek » est un suffixe qui signifie « Mukis » / « Amuq ».
Mes notes de vraisemblance :
Hassu / Hassum / Hassuwa était située au pied de l’Amanus : 4/5
Hazuwan est le nom éblaite de la ville appelée Hassu ou Hassuwa : 3/5
Hassu / Hassum / Hassuwa était située à Tasli Geçit Höyük : 3/5
27 février 2021
Age du bronze, Anatolie, Bronze final, Bronze moyen, Empire des Hittites, Kizzuwatna, Mukis, Turquie, Yamhad