Sur la côte sud-ouest d’Anatolie, le site de Limyra est proche de la moderne Finike (ce dernier nom provient de sa dénomination classique de Phoenicus, c’est-à-dire « la Phénicienne »). Il se situe à 6 km vers son nord-est, à l’intérieur des terres. Les recherches archéologiques ont débuté en 1969, trois ans après la découverte du Hérôon de Périclès par l’archéologue Jürgen Borchhardt. Depuis, le German Archaeological Institute, l’université de Frankfurt/Main, l’université de Vienne, et l’Austrian Archaeological Institute ont pris le relais.
https://www.livius.org/articles/place/limyra/
Le nom lycien de Limyra est Zemure, attesté notamment par une inscription en araméen du 5e siècle avant notre ère et par des pièces de monnaies.
Zumarri apparaît dans le cadre de la réponse à une protestation du grand roi Tuthaliya III au sujet d’une invasion du Haballa par le trublion Mudduwatta. Celui-ci a alors répondu qu’il reconnaissait que le Haballa appartenait au roi, mais affirmait que les pays de Iyalanti, de Zumarri et de Wallarima qu’il avait conquis par l’épée étaient à lui.
Dans les tablettes d’Alalakh, cette cité apparaît sous la dénomination de Summar. Et probablement qu’il s’agit du toponyme Sumuru d’Ebla.
Était-ce « Sumur » abondamment mentionnée dans les courriers d’Amarna ?
Dans EA60, Abdi-Asirta dit au pharaon d’Égypte : « Je suis un serviteur du roi et un chien de sa maison, j’ai gardé tout Amurru pour le roi. […] Il y a là Pahanate mon Commissaire. Que le roi, le soleil, lui demande si je n’ai pas gardé Sumur et Ullasa. Quand mon Commissaire était en mission pour le roi, le Soleil, j’ai gardé la moisson de grain de Sumur et de tous les pays pour le roi. »
Dans les textes d’Amarna, en venant de Byblos, Sumur est clairement située après Ullasa. Or le toponyme Ullasa ou Ulassa ou Alassa est présent dans les textes d’Hattusa vers la côte sud de l’Anatolie, d’abord dans la liste des villes entrepôts de Télipinu, et aussi dans les annales de Suppiluliuma, qui est intervenu au Pitassa, au mont Tiwatassa, puis vers Alassa.
Mais c’est surtout la phrase de présentation d’Abdi-Asirta en tant que « serviteur et chien » qui permet d’envisager son origine vers la région de Lukka (Lycos en grec signifie loup ou chien).
Voici trois autres arguments :
- Dans EA89 Le roi de Byblos écrit au pharaon d’Égypte : « Le roi est-il content que Abdi-Asirta soit devenu le maître de la mer qui est en face de toi ? » ;
- Kbo VIII 16 montre que Bentesima, un roi d’Amurru, avait en charge de protéger et d’escorter diverses missions diplomatiques entre les capitales du Hatti et d’Égypte. En verso de la même tablette, il est écrit : « Quand ton père vint en Arzawa … » ;
- Un texte de Teglath-Phalasar I mentionne cette probable cité de Sumur, accessible par mer depuis Arvad : « J’ai reçu un tribut de la ville d’Arvad et des pays de Byblos, Sidon et Arvad : un crocodile et un grand singe femelle de la côte maritime. Je suis monté dans un bateau des habitants d’Arvad et j’ai parcouru avec succès une distance de 3 heures doubles depuis la ville d’Arvad, une île, jusqu’à la ville de Samuru qui se trouve dans le pays d’Amurru. J’ai tué en mer un nabiru, qui s’appelle un cheval de mer ».
La présente localisation proposée pour Sumur n’est pas prouvée par l’archéologie. Il en est de même pour les autres villes du Lukka mentionnées par les textes hittites. Il faut y voir le fait que, probablement, ce peuple de marins utilisait le bois pour ses bateaux comme pour ses habitations. De plus, les textes d’Amarna disent que Sumur a été entièrement détruite.
Aujourd’hui, Sumur est majoritairement localisée au Tell Kazel, en s’appuyant notamment sur une description de Strabon qui a localisé vers cette région une petite localité de Simyra. Il est possible que le célèbre géographe évoquât plutôt Samra, c’est à dire le petit village proche de l’ancienne Ougarit. Les fouilles du Tell Kazel ont montré une occupation débutant vers la fin de l’âge du bronze, à partir du XIIIe siècle avant notre ère. Ce qui, normalement, devrait plutôt être la date de la fin de l’occupation. Et surtout le Tell Kazel n’était pas un port.
Probablement qu’une bonne partie des villes de bord de mer du sud de l’Anatolie constituait le pays appelé « Amurru » par les peuples du Levant. Toutefois, les lettres d’Amarna font apparaître que, avant l’offensive d’Abdi-Asirta et de son fils Aziru, les ports de Sumur et d’Ullasa étaient à la disposition du pharaon d’Égypte, qui avait délégué leurs usages au roi de Byblos. Il se peut qu’une partie de ces villes portuaires du sud de l’Anatolie était regroupée sous la désignation hittite de Haballa. Cette dernière n’étant qu’une déformation de Gibala ou Gebal.
C’est, en plus, le toponyme de Subarum des textes de Kanès (Voir l’article associé). Les tablettes paléo-assyriennes de Kültepe renforcent la localisation de cette cité.
Mes notes de vraisemblance :
Le site de Limyra était appelé Zumarri par les Hittites : 3,5/5
Le site de Limyra était appelé Zemar par les Phéniciens : 3,5/5
Le site de Limyra était appelé Sumur dans les tablettes d’Amarna : 3,5/5
Le site de Limyra était appelé Summar en Mukis : 3/5
1 octobre 2020
Age du bronze, Age du fer, Anatolie, Bronze ancien, Bronze final, Bronze moyen, Pays d'Amurru, Pays de Canaan, Pays de Lukka, Pays de Phénicie, Turquie